Natalia Tcherniak, l’autre nom de la franco-russe Nathalie Sarraute


Culture / jeudi, août 29th, 2019

L’universitaire anglaise Ann Jefferson publie une biographie de l’écrivaine franco-russe, traduite en France par Flammarion.

Nathalie Sarraute est née à Ivanovo-Voznessensk, dans l’Empire russe, en 1900. Elle est morte à Paris, 99 ans plus tard. La trajectoire de cette immense romancière méritait plus qu’une biographie. C’est fait : Ann Jefferson a mené une enquête très détaillée pour faire revivre l’écrivaine, à l’instar d’un devoir de philosophie que la jeune Natalia Tcherniak avait produit lors de ses années au lycée Fénelon (Paris 16).

La mère de Natalia, elle aussi, est écrivaine. Son père, Ilya Tcherniak, est un ingénieur. Pendant toute son enfance, elle voyage entre la France et la Russie, et son imaginaire mélange les deux cultures pour façonner la future Nathalie Sarraute. C’est à la Sorbonne qu’elle fait ses premières armes. Contrairement à la plupart des émigrés de l’époque, elle ne souhaite pas rencontrer l’intelligentsia russe installée à Paris, par exemple Nabokov. Elle préfère fréquenter les Américains plutôt que ses compatriotes Nina Berberova, Irène Némirovsky ou encore Elsa Triolet.

« Je n’ai pas de biographie »

Nathalie Sarraute, en même temps qu’elle s’intègre parfaitement à son nouveau pays, découvre avec avidité la culture anglaise. C’est une passion qui anime toute sa jeunesse et ne la quittera plus. Se faisant de nombreuses connaissances, elle ne s’attachera qu’à une amie : Monique Wittig. En 1953, Nathalie Sarraute signe chez Gallimard.

Ann Jefferson, universitaire à Oxford et professeure de littérature française, avait fort à faire en s’attaquant à cette figure. La féministe Nathalie Sarraute disait elle-même : « Je n’ai pas de biographie ». Il fallait donc le travail d’Ann Jefferson, qui a publié sa première œuvre sur l’écrivaine en 2000, pour plonger en profondeur dans la vie d’une franco-russe au talent inouï, honorée de la Pléiade depuis 1996.