Vous voulez découvrir le cinéma russe ? L’Ours Magazine vous a listé 30 films russes dans un classement décroissant, totalement subjectif, qu’il faut voir absolument ! Oui, on sait… On a quelques réalisateurs russes préférés…
30e. Solaris (A. Tarkovski)
Réponse à 2001 L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, Solaris est un film de science-fiction réalisé par le génial Tarkovski. Les plans contemplatifs s’y succèdent pour laisser place à une réflexion profonde et religieuse sur le sens de la vie. Les acteurs y sont excellents de justesse, notamment Natalia Bondartchouk. Solaris a reçu le grand prix du festival de Cannes en 1972.
29e. Le disciple (K. Serebrennikov)
Film très mystique tiré d’un roman allemand de Marius von Mayenburg, Le disciple s’est imposé comme une pièce maîtresse du cinéma russe dès sa sortie, en 2016. Son créateur, le dissident Kirill Serebrennikov, a développé le personnage de l’étudiant tourmenté qui fait de la Bible la notice d’utilisation de la vie. Perché, mais intéressant.
28e. Le bannissement (A. Zviaguintsev)
Magnifique drame familial qui se passe dans la Russie contemporaine, Le bannissement marque le renouveau du cinéma russe. Si l’on déplore le manque d’efficacité de l’intrigue, la réalisation est néanmoins parfaite. De plus, c’est l’occasion d’entendre Für Alina, composé par l’Estonien Arvo Pärt.
27e. Alexandra (A. Sokourov)
Rare de voir une caméra posée dans un camp de réfugiés et n’y plus bouger, comme prisonnière. Le film Alexandra, sur la guerre en Tchétchénie, est très dur – à la fois dans le sujet et dans le traitement. Les principaux attraits sont la photographie originale d’Aleksandr Burov et le jeu très sensible de Galina Vichnevskaïa.
26e. Quelques jours de la vie d’Oblomov (N. Mikhalkov)
Petite pépite cinématographique qui se déguste un dimanche après-midi, couché sur le canapé, à la manière d’Oblomov. Si vous êtes fan du héros d’Ivan Gontcharov, ce film vous ravira les pupilles. Mikhalkov s’est autorisé quelques libertés avec le scénario littéraire, mais la tendresse qu’il a eu pour les personnages rend l’ensemble merveilleux.
25e. La grève (S. Eisenstein)
Premier film du maître absolu, Sergueï Eisenstein, à figurer dans ce classement (subjectif, rappelons-le), La grève a été diffusé la même année – en 1925 – que Le cuirassé Potemkine, consacrant le génie du réalisateur. Qui mieux que lui sait faire d’une foule un peuple, et d’un peuple un personnage héroïque ? Ce film est là pour le souligner.
24e. L’Idiot (Y. Bykov)
Ici, ne vous attendez pas à une adaptation de Dostoïevski. L’idiot est un film social sur la Russie actuelle : un ouvrier qui découvre qu’une immense fissure menace de faire écrouler un immeuble où des centaines de personnes habitent. Découvert par la critique à Locarno, ce film fait reposer de grandes attentes sur Bykov.
23e. L’arche russe (A. Sokourov)
Les avis étaient très partagés à sa sortie : L’arche russe a eu le mérite d’innover. Ce long plan-séquence de 96 minutes nous promène dans le musée de l’Ermitage où s’invitent tour à tour les plus grands personnages de l’Histoire russe, des tsars aux écrivains. A voir.
22e. L’homme à la caméra (D. Vertov)
Médecin puis cinéaste, Dziga Vertov a le premier compris les possibilités infinies de la caméra. Attaché à transmettre aux hommes la réalité brute, il inventa en quelque sorte le film documentaire. L’homme à la caméra est un film muet qui montre la vie à Odessa à la fin des années 1920. Un morceau d’Histoire fascinant.
21e. Elena (A. Zviaguintsev)
Elena est un film à voir pour deux raisons : il façonne enfin le style de Zviaguintsev, grâce à la collaboration fructueuse avec Kritchman, mais surtout il vous plonge dans un rythme fabuleux où vous oubliez l’image et ne faites que penser. En effet, on suit le chemin d’une mère et de son fils, les liens familiaux (si chers au réalisateur) brisés et pourtant si nécessaires.
20e. Il est difficile d’être un dieu (A. Guerman)
Meilleur film à la cérémonie des Nika, meilleur réalisateur, meilleur acteur… Le film d’Alexeï Guerman a suscité l’engouement des Russes, fiers de voir adapté un roman dystopique des frères Strougatski. Une société médiévale et animale, presque, où les beaux esprits sont assassinés… Voilà le monde que nous dépeint Guerman en 2013, l’année même où il est décédé.
19e. Le cuirassé Potemkine (S. Eisenstein)
Œuvre majeure du cinéma, Le Cuirassée Potemkine a été réalisé pour célébrer les vingt ans de la révolution de 1905, et en particulier la mutinerie qui a eu lieu sur ce gros bâtiment naval. Consacré “meilleur film de tous les temps” par un collectif de 117 critiques internationaux, ce chef d’œuvre d’Eisenstein fonctionne encore aujourd’hui, surtout cette si fameuse scène des escaliers, qu’un landau dévale.
18e Andreï Roublev (A. Tarkovski)
Ce monument du cinéma russe doit être vu pour plusieurs raisons : empêché par la censure soviétique, c’est le deuxième long-métrage du génial Tarkovski, sur une figure emblématique de la “Sainte Russie”. La construction en chapitres est remarquable, le jeu de Solonitsyne également. A noter : l’Académie européenne du cinéma a estimé en 1995 qu’il s’agissait du huitième meilleur film au monde.
17e Les nuits blanches du facteur (A. Kontchalovski)
Lion d’argent à Venise, cette pépite signée Andreï Kontchalovski nous amène au fil d’une barque dans les villages de la profonde Russie. On y découvre le quotidien d’un facteur et son rôle social primordial, mais aussi la résistance à la modernité et l’amour de la nature. C’est d’ailleurs un film qui véhicule plus ou moins le même message que Urga, chef d’œuvre de son frère.
16e Urga (N. Mikhalkov)
Nous en parlions justement : Urga est une référence dans les films russes. L’histoire se situe au milieu des steppes mongoles, là où la civilisation et le soviétisme n’ont jamais réussi à s’implanter. Avec une musique sublime signée Artémiev, des décors remarquables, un message sensible… Mikhalkov redonne toute sa force au monde nomade et sa proximité avec la nature sauvage.
15e Faute d’amour (A. Zviaguintsev)
Quand il est sorti en France, nous avions fait la critique de Faute d’amour, ce bijou signé Zviaguintsev. Toujours dans la veine du drame familial et plus largement social, le réalisateur nous montre la face sombre de la Russie contemporaine, un pays qui ne laisse aucune chance à ceux qui ne réussissent pas, à ceux qui restent trop attachés à certaines valeurs. Ce film récent est directement entré au Panthéon russe.
14e Le miroir (A. Tarkovski)
Ce film rend hommage à notre mémoire, à notre nostalgie, à nos sentiments parfois tristes qui rendent la vie si belle. Prenons garde à ne pas casser ce miroir de l’âme, intact, qui pourrait nous apporter encore sept ans de bonheur. Tarkovski maître du cinéma d’auteur nous propose une plongée vertigineuse dans les différents temps de l’humain.
13e Quand passent les cigognes (M. Kalatozov)
L’un des plus grands films soviétiques d’après-guerre, Quand passent les cigognes s’attaque aux désastres provoqués par le conflit mondial. Sur fond d’intrigue romantique, on observe le rôle primordial de la femme pendant ces années dures. Récompensé par une Palme d’or au festival de Cannes, ce film doit être vu à tout prix.
12e Le barbier de Sibérie (N. Mikhalkov)
Pendant que la France remportait la coupe du monde 1998, les Russes eux profitaient d’un chef d’œuvre d’envergure : Le barbier de Sibérie. Ce film qui dure plus de trois heures suit un ingénieur dans sa quête : faire accepter par le tsar son projet de déboisement des forêts. Terrible histoire d’amour, de déportation, drame mikhalkovien par excellence, on ne peut que recommander ce film, surtout pour l’interprétation phénoménale d’Oleg Menchikov.
11e Ivan le Terrible (S. Eisenstein)
C’est difficile de placer ce film en dehors du top 10 tant il compte pour notre rédaction. Ivan le Terrible est une fresque historique en deux parties sur le tsar le plus sanguinaire que les Russes aient connu. Posé par un Nikolaï Tcherkassov déroutant, mi-irrationnel mi-tout puissant, Ivan IV vit constamment dans la psychose, la névrose, la paranoïa. Les dernières scènes, qui ont été filmées en couleur grâce à la technologie des Allemands en 1944, ont été censurées par le régime stalinien.
10e Léviathan (A. Zviaguintsev)
C’est le film qui a fait connaître Zviaguintsev au grand public français, mais qui lui a surtout valu la colère des Russes. En effet, Léviathan dresse le portrait d’une Russie sombre, minée par la corruption, l’alcoolisme et la misère du peuple. Sans une seule once d’espoir, le réalisateur a voulu décrire sa vision des choses sur le pays au 21e siècle. Un très beau film, à ne pas voir dans une période de déprime.
9e La mère (V. Poudovkine)
Vous avez adoré le livre de Maxime Gorki ? Vous aimerez peut-être encore davantage le film de Vsevolod Poudovkine. Réalisé en 1926, ce long-métrage traite du dilemme d’une mère qui doit choisir entre soutenir son mari corrompu par son patron et son fils révolté qui soutient les grévistes. Un film très sensible, avec une Vera Baranovskaïa au sommet.
8e Leto (K. Serebrennikov)
Prix Cannes Soundtrack en 2018, Leto est un film musical très rock. Il raconte l’aventure des chanteurs de rock comme Viktor Tsoi dans une URSS à l’agonie. Très audacieux dans son montage, le réalisateur Kirill Serebrennikov a signé une pure merveille en noir et blanc qui risque de rester dans les annales du cinéma russe.
7e Sibériade (A. Kontchalovski)
C’est le chef d’œuvre de Kontchalovski (on ne compte pas le récent Michel Ange, qui est davantage un film italien). Sibériade, réalisé en 1977, se compose en trois grandes parties et retrace la vie de deux familles voisines sur plusieurs générations, de l’Empire russe à la révolution puis la guerre. La nature, l’industrialisation, les rapports humains : tout est bouleversé dans ce triptyque fabuleux.
6e Les yeux noirs (N. Mikhalkov)
Le nom donné à ce classement est trompeur. Car le film russe le “plus beau” au sens esthétique du terme est bien Les yeux noirs. Avec l’influence italienne (Fellini, Antonioni), Mikhalkov a fait appel au grand Marcello Mastroianni pour mettre un grain de folie dans cette odyssée amoureuse. Romantisme, poésie, paysages, musique : tout est magnifique, tout émeut.
5e L’enfance d’Ivan (A. Tarkovski)
Si Tarkovski est surtout connu pour ses films de science-fiction, il ne faut pas oublier qu’il a aussi été un artisan appliqué de l’âme humaine. Son premier film, co-écrit avec Kontchalovski, raconte l’enfance d’un orphelin qui rejoint l’armée soviétique pour combattre les nazis. D’une justesse remarquable, ce film a reçu le Lion d’or à Venise ainsi que sept autres prix internationaux.
4e Alexandre Nevski (S. Eisenstein)
Au pied du podium, nous plaçons une épopée incroyable, celle d’Alexandre Nevski. Pour beaucoup, ce n’est pas le meilleur film de Sergueï Eisenstein. Pour nous, si, et de loin. Nikolaï Tcherkassov, l’acteur inoubliable d’Ivan le Terrible, campe ici un prince fougueux, au comble du patriotisme russe. Si la réalité historique n’est pas respectée, cette œuvre de propagande n’en demeure pas moins une réussite cinématographique absolue. Mais surtout, la musique orchestrale, dont la très puissante Bataille sur la glace, est signée Sergueï Prokofiev (excusez du peu!).
3e Stalker (A. Tarkovski)
Prix du jury œcuménique au festival de Cannes, Stalker est un monument du cinéma russe. Œuvre la plus célèbre du grand Andreï Tarkovski, Stalker est un film librement inspiré d’un livre des frères Strougatski. Science-fiction avec sa “Zone” mystérieuse, que les humains peuvent pénétrer sans toutefois la comprendre, l’univers de ce film est illimité. La vraie valeur réside dans les dialogues et les silences qui participent à la réflexion du spectateur.
2e Le retour (A. Zviaguintsev)
Le lac Ladoga suffit-il à rendre un film somptueux ? Non, et c’est bien pour cela que Zviaguintsev s’est donné la peine de nous offrir en plus du paysage des personnages profonds, une intrigue familiale comme il les aime, une photographie remarquable, des dialogues scotchants. Lion d’or, Prix Luigi de Laurentiis, Aigle d’or… La critique a été émue aux larmes devant Le retour, qui s’intéresse à deux jeunes garçons qui n’ont jamais connu leur père et le retrouvent enfin, taiseux et autoritaire. Le choc est là.
1er Soleil trompeur (N. Mikhalkov)
Légende vivante du cinéma russe, Nikita Mikhalkov a réalisé Soleil trompeur, un film référence récompensé par l’Oscar du meilleur film étranger et le Grand Prix du festival de Cannes. Tout y est parfait. Les acteurs : Oleg Menchikov, le réalisateur lui-même, ou encore Ingeborga Dapkunaite, actrice lituanienne. Le scénario est ficelé à la perfection. Le contexte historique post-guerre civile, la terreur stalinienne et l’appareil NKVD nous plongent dans la Russie du 20e siècle. Côté musique, Edouard Artémiev est à son summum. Mais surtout l’âme russe, si tant est qu’elle existe, traverse chaque personnage, au premier rang desquels cette datcha familiale. S’il ne fallait retenir qu’un film parmi tous, c’est bien Soleil trompeur.