Auteur mondialement connu pour son personnage d’Oblomov, Ivan Gontcharov fut l’ami-rival de Tourguéniev pendant des années.

Enfance et jeunesse de Gontcharov
Le cercle familial à Simbirsk
Ivan Gontcharov est né le 6 juin 1812 à Simbirsk. Alexandre, son père, est un riche notable issu d’une famille qui prospère dans le commerce des grains. Il a épousé Avdotia, une femme de vingt ans de moi que lui. Le père d’Ivan meurt alors qu’il n’a que sept ans, en 1819. Sa mère se remarie avec Nikolaï Tregoubov, un ancien officier de marine assez proche des cercles franc-maçonniques. Avdotia et Nikolaï s’entendent parfaitement avec leurs trois enfants.

Étudiant et traducteur
Ivan Gontcharov part, après son frère aîné, suivre une formation à l’Ecole de commerce de Moscou. Malgré la qualité très moyenne des cours, Ivan y demeure huit ans, pendant lesquels il rêve d’ailleurs. En 1831, Gontcharov s’inscrit à l’université de Moscou. Lors de ses études, Gontcharov s’intéresse aux romans d’Eugène Sue. Il entreprend de traduire Atar-Gull, l’histoire d’un esclave sur un négrier. Sa traduction est publiée par le journal Le Télescope.
Mon dieu ! Quelle lumière, quel source magique apparut soudain, quelles vérités, quelle poésie, et de manière générale, quelle vie moderne et compréhensible jaillit avec brillance de cette source !
Ivan Gontcharov à propos de Pouchkine
A l’université, Gontcharov rencontre le grand Alexandre Pouchkine, ce qui le marquera à vie. Il croise également Mikhaïl Lermontov mais ne s’entend pas avec lui. Autres rencontres notables : Alexandre Herzen, Nikolaï Ogarev, Constantin Aksakov et Nikolaï Stankevitch.
Début de carrière de Gontcharov
Le retour à Simbirsk
En 1834, son diplôme de lettres en poche, il peut enfin quitter l’université. Il retourne à Simbirsk pour voir sa famille. Il est frappé de voir que rien n’a changé, le village est le même, les gens sont comme figés dans le temps. Après des mois d’ennui et de léthargie, il décide de se prendre en main et quitter Simbirsk.
Ivan Gontcharov chez les Maïkov

A Saint-Pétersbourg, il noue des relations avec de grandes familles bourgeoises. Il devient enseignant chez Nikolaï Maïkov. En même temps qu’il instruit les deux fils Maïkov, il peut rencontrer de nombreuses personnalités artistiques. Son habileté de traducteur, que ce soit en français, allemand ou anglais, lui permet d’envisager une carrière au ministère des Finances.
La maison de Maïkov était pleine de vie, les gens apportaient ici la matière inépuisable de la pensée, de la science et de l’art.
Ivan Gontcharov
Ivan Gontcharov et les succès littéraires
Une vie ordinaire
Les débuts d’Ivan Gontcharov dans la littérature russe ont lieu en 1847. Le critique Vissarion Biélinski fait paraître son premier roman, Une vie ordinaire, qui recontre un grand succès en Russie. En 1848, Gontcharov transmet de nombreux extraits d’Oblomov, qui au fil des retouches, pendant dix ans, finira par devenu un chef d’oeuvre de la littérature russe. La critique le désigne alors « héritier de Nicolas Gogol ».
Vissarion Biélinski, un ami précieux

Son amitié avec Biélinski est essentielle, d’un point de vue professionnel, bien entendu, mais aussi dans sa formation intellectuelle. Ivan Gontcharov a écrit des notes sur la personnalité de Biélinski. Il considère que ce critique et publiciste lui a apporté beaucoup dans sa vision esthétique et son jugement littéraire. Il lui a toujours été redevable.
Voyage sur la frégate Pallas
La carrière d’Ivan Gontcharov parmi les hauts fonctionnaires de l’Etat se poursuit en parallèle. Il travaille pour le ministère de l’Instruction publique et celui des Finances. L’écrivain établit les premières relations commerciales avec le Japon, à bord de la frégate Pallas. Il est alors secrétaire de l’amiral Poutiatine.
A ce titre, il s’occupe de la correspondance, des pourparlers et du carnet de bord. Ce voyage lui laisse des souvenirs d’Angleterre, des îles atlantiques et de l’Asie, qu’il compile dans son livre La Frégate Pallas. Il y raconte notamment les typhons et tempêtes essuyées par le navire.

Ivan Tourguéniev, l’éternel rival
Plagiat et réconciliation
Sa rivalité avec son ami Ivan Tourguéniev marqua les années 1850-1860. Tout commence par un supposé plagiat dont Gontcharov accuse Tourguéniev. La presse, qui s’est emparée du sujet, accable l’auteur d’Oblomov qui devient la risée des cercles littéraires. Six ans plus tard, les deux écrivains redeviennent amis, notamment grâce aux efforts de Gontcharov, qui a écrit un bel article sur Pauline Viardot, une grande amie de Tourguéniev.
Tourguéniev a-t-il plagié Gontcharov ? Lisez notre enquête.
Une histoire peu commune

La rivalité toujours sous-jacente entre les deux hommes a été décrite par Ivan Gontcharov dans son manuscrit Une histoire peu commune. Ce livre ne sera jamais publié du vivant des écrivains, mais en 1924 ! Ivan Tourguéniev n’avait pas que des amis parmi les auteurs russes, comme en témoigne sa relation compliquée avec le grand Fédor Dostoïevski.
Les derniers écrits
Ivan Gontcharov publie son dernier roman en 1869 : La Falaise. Il y expose sa vision de la Russie et critique avec virulence les nihilistes. Son roman idéologique est bien moins salué par les lecteurs que ses précédents. L’écrivain ne publiera plus qu’une ou deux petites nouvelles avant de se retirer de la littérature. En 1883, ses Œuvres complètes sont publiées dans cinq langues. Ivan Gontcharov décède le 15 septembre 1891 à Saint-Pétersbourg.
Œuvres d’Ivan Gontcharov
- Nymphodora Ivanovna (1836)
- La terrible maladie (1838)
- Une histoire ordinaire (1847)
- La Frégate Pallas (1856)
- Oblomov (1859)
- La Falaise (1869)
- Mois de mai à Pétersbourg (1889)
Foire aux questions
L’oblomovisme est un concept détourné du nom du héros de Gontcharov, Oblomov. Il désigne un état ou un mode de vie paresseux, apathique, haïssant le travail et l’activité, se complaisant dans une forme d’inertie.
Ivan Gontcharov a écrit, outre Oblomov, le fameux livre “La Falaise” en 1869 et “Une histoire ordinaire” en 1847.
Ivan Gontcharov était très ami avec Tourguéniev, jusqu’à ce qu’une fâcheuse histoire de plagiat les froisse irrémédiablement. L’Ours Magazine a d’ailleurs réalisé une enquête à ce sujet.