Epicerie russe Albertville : Matryochka propose un mélange de saveurs


En passant, Reportage / mardi, août 7th, 2018

Hovhannes Hovhannisyan a ouvert l’enseigne alimentaire slave Matryochka en juillet 2018 à Albertville, en Savoie. Ce type de boutique étant très rare dans le coin, il mise sur un travail d’arrache-pied, finissant ses journées à 1 heure du matin et ne prenant pas un seul jour de congé.

Un petit nid d’Eurasie est né en plein cœur d’Albertville, dans la fameuse cité olympique nichée au pied des Alpes. Proche de la très Russe ville industrielle d’Ugine, non loin du festival slave de La Rosière, cette ville de 20 000 habitants compte une petite diaspora arménienne, roumaine ou encore turque. C’est ici que Matryochka a vu le jour, en juillet 2018.

IMG_0078La boutique est petite, mais c’est une vraie caverne d’Ali Baba, ou plutôt l’antre d’Attila: des nectars moldaves, des potages arméniens, des limonades russes, des pains et des alcools de tous les pays de l’Est… D’où viennent toutes ces denrées? D’un centre de grande distribution allemand, où s’approvisionne Hovhannes. Cet Arménien est passionné par son métier. “J’adore travailler dans le commerce pour mon propre compte, explique-t-il. Au début, on m’a dit : ici c’est un très mauvais endroit pour un tel magasin, mais on verra. Je finis tous les jours à une heure du matin et je travaille 365 jours. Pas un seul jour de repos!” Ses yeux le confirment.

Homme affable et généreux, Hovhannes a longtemps vécu à Erevan, la capitale arménienne. “J’avais beaucoup d’amis, j’ai fait l’armée, puis une université de langue et de littérature. Là bas, j’avais quatre magasins” Une situation prospère, plusieurs enseignes et pourtant, un jour, il vend tout, même sa maison. Il ne préfère pas revenir sur les raisons personnelles qui l’ont poussé à quitter l’Arménie. “Je voulais tout recommencer à zéro“. Hovhannes passe également cinq ans à Sotchi, en Russie. Il est très attaché à ce pays. “J’ai appris le russe à l’école, dès huit ans, c’était la deuxième langue. J’aime la Russie, les Russes aiment la vie et vivent avec le jour“.

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Photos de Paul Leboulanger

Hovhannes arrive en France en 2011, où il exerce de nombreux boulots, aux quatre coins de la Savoie. Il n’a pas tant de contact avec la communauté arménienne qu’avec ses amis français. “Les Arméniens aident tout le monde sans regarder leur origine. Ils sont volontaires et respectent tout“. D’ailleurs, dans sa boutique, la clientèle est cosmopolite. Un vieillard y entre, tout sourire, en déclarant : “J’adore votre limonade, où est-elle? Ah, voilà… Qu’elle est rafraîchissante! J’en prends deux” Deux Roumains viennent ensuite y faire de petites courses. C’est tout un petit monde qui s’habitue à la nouvelle enseigne.

Erevan compte 1,5M d’habitants. Sotchi plus de 360 000. Difficile pour Hovhannes de s’acclimater à Albertville, qui n’en compte pas même 20 000. Il s’accoude parfois sur son comptoir et se souvient de son pays d’origine. “L’Arménie me manque trop…”

IMG_0075Pourquoi Matryochka, alors? “Ce sont les poupées russes. Elles symbolisent la vie, on va de l’âge bébé à l’adulte, de plus en plus grand. Mais c’est aussi la gentillesse, le fait d’apporter de bonnes choses”. Des aliments raffinés ou étonnants, c’est ce que les épiceries slaves servent en quantité, répandues de manière croissante dans plusieurs grandes et moyennes villes de France. Nasdrovia! [à votre santé!]