Le réalisateur russe Andreï Konchalovsky est connu pour son travail avec Tarkovski et son frère Nikita Mikhalkov. Sa carrière à Hollywood est aussi marquante, alors que son pays était encore soviétique.
Enfance et jeunesse d’Andreï Konchalovsky
Le cercle familial des Mikhalkov
Andreï Sergueïevitch Mikhalkov est né le 20 août 1937 à Moscou. Son père est le célèbre écrivain et poète soviétique Sergueï Mikhalkov, qui a notamment écrit l’hymne national. Andreï prend rapidement le nom de famille de sa mère, la traductrice Natalia Konchalovsky. Officiellement, son nom est toujours Mikhalkov aux yeux des autorités jusqu’en 2009.
Andreï Konchalovsky passe la majeure partie de son enfance dans le manoir familial, à Nikolina Gora. Son frère est le très célèbre réalisateur russe Nikita Mikhalkov. Andreï suit des cours de piano à l’École centrale de musique de Moscou, avec un certain Tchernov. Son but est alors de devenir pianiste professionnel.
Les premiers amis : Kapoustine et Tarkovski
Il entre au Conservatoire de Moscou et suit les cours d’Aurelian Rubbach. Parmi ses camarades, il compte le talentueux Nikolaï Kapoustine. Une franche amitié nait avec celui-ci et Andreï Konchalovsky invite Kapoustine à venir écouter le jazz et Voice of America dans la demeure des Mikhalkov. Andreï obtient son diplôme en 1957. Son second enseignant est le pianiste Lev Oborin.
La vie d’Andreï Konchalovsky bascule lorsqu’il entre au VGIK, l’institut national de la cinématographie. Cet établissement, en pleine renaissance sous l’inspiration du grand Mikhaïl Romm, forme une flopée de jeunes pousses. C’est ici que Konchalovsky rencontre en 1960 Andreï Tarkovski, un artiste plein d’idées.
Les débuts de Konchalovsky au cinéma
Coscénariste avec Andreï Tarkovski
Andreï Konchalovsky se lie rapidement d’amitié avec Tarkovski et les deux étudiants co-écrivent les scénarios de trois films : Le rouleur compresseur et le violon, L’enfance d’Ivan et Andreï Roublev. Cela convainc le jeune homme de quitter le clavier du piano pour la caméra.
Il signe son premier long-métrage en 1964 : Le premier maître, un film où l’on ressent l’influence d’Akira Kurosawa sur le jeune artiste. Inspiré d’un roman de Tchinghiz Aïtmatov, le film met à l’honneur la ballerine Natalia Arinbassarova, qui deviendra la femme de Konchalovsky.
Entre succès et censure (1964-1967)
Le premier maître reçoit un bel accueil en Union soviétique et plusieurs festivals internationaux le projettent à l’écran. Une belle entrée en matière pour Konchalovsky, qui décide de travailler sur un deuxième projet, Le bonheur d’Assia en 1967. Entre temps, sa femme Natalia accouche de son premier fils, Yegor. Le couple divorce quelques mois plus tard.
Ce deuxième film est censuré par les autorités car il dépeint de manière trop réaliste l’extrême pauvreté de la paysannerie russe, loin de la vision idéalisée des kolkhozes. Lorsqu’il sort, vingt ans plus tard, Le bonheur d’Assia est considéré comme le chef d’œuvre d’Andreï Konchalovsky.
Nous n’avons pas de société civile, parce que nous n’avons pas d’opinion publique et parce que la majorité des citoyens n’ont aucune volonté d’influencer les actions des autorités.
Andreï Konchalovsky
Le premier âge d’or d’Andreï Konchalovsky
Les classiques russes revisités
En 1969, Konchalovsky se tourne vers la littérature classique russe, et notamment Tourguéniev. Il signe en effet une adaptation de Nid de gentilhomme, un roman du grand écrivain russe. En 1970, il transpose sur le grand écran Oncle Vania de Tchekhov, ce qui lui vaut une Coquille d’or au festival international de Saint-Sébastien. Il s’agit de son premier succès véritable à l’étranger.
A lover’s romance (1974) et la fresque Sibériade (1979)
Marié à Viviane Gaudet, Andreï Konchalovsky a une fille en 1971 : Alexandra. Ce troisième mariage dure jusqu’en 1980. Andreï Konchalovsky revient en 1974 avec un film qui l’installe durablement dans le paysage cinématographique russe : A lover’s romance. Il est récompensé par le grand prix du festival de Karlovy Vary, en République tchèque. Ce film lui confère une reconnaissance dans de nombreux pays.
En 1979, le réalisateur produit une grande fresque historique pour plaire à son pays, Sibériade. Il s’agit d’une grande œuvre en quatre volets qui montre l’évolution sur plusieurs générations de deux familles, les Solomine et les Oustioujine. Sibériade reçoit le prix spécial du jury au festival de Cannes et attire la sympathie du public russe.
Andreï Konchalovsky aux États-Unis
Runaway Train et l’influence de Kurosawa
Fort de son dernier succès, Andreï Konchalovsky obtient l’autorisation de quitter le pays pour rejoindre les États-Unis. Il se rend à Hollywood en 1980, où il réalise plusieurs films. Son premier film américain, Runaway Train (1985), est basé sur un scénario d’Akira Kurosawa, une manière de rendre hommage à celui qui l’a tant influencé.
Le réalisateur russe ne demeure pas reclus en Amérique, il voyage aussi en Europe. En 1987, on le voit mettre en scène La Mouette de Tchekhov au théâtre de l’Odéon. Il est aussi aux commandes de deux opéras joués à la Scala de Milan : Eugène Onéguine et La dame de pique.
Tango et Cash avec Sylvester Stallone
Konchalovsky fait ensuite un second film, Tango et Cash, avec les stars Sylvester Stallone et Kurt Russell. Ce blockbuster est loin d’être du grand cinéma, mais il permet à Konchalovsky de s’implanter dans le paysage hollywoodien. Finalement, le Russe est trop désabusé par son séjour américain et retourne dans son pays natal en 1990.
La Russie a encore une culture générale très faible. Un Russe avec cette culture et beaucoup d’argent devient destructeur de lui-même et de son environnement.
Andreï Konchalovsky
Période de doutes pour Konchalovsky (1990)
Manque de créativité et Odyssée
Les années 1990 ne sont pas les meilleures pour Andreï Konchalovsky, qui ne réalise que deux films, qui ne rencontrent pas de succès : Le cercle des intimes et Riaba ma poule. Il s’est séparé de sa quatrième femme, Irina Ivanova. Sa créativité artistique semble atteinte.
Il reçoit une commande de la télévision américaine, une mini-série historique sur L’Odyssée, qui s’avère plutôt réussie. La série est très appréciée dans de nombreux pays, devenant le produit télévisé le plus cher du marché pendant un petit moment. Konchalovsky reçoit un Emmy pour cette série.
La renaissance de Konchalovsky avec Ioulia Vyssotskaïa
Cinq longues années vont passer entre 1997 et 2002 avant que Konchalovsky ne revienne à la manœuvre. Cette période de disette est sans doute due au passage à vide qui a suivi le voyage américain, ainsi que son quatrième divorce d’avec Irina Ivanova, avec qui le réalisateur avait eu deux filles.
Mais désormais Andreï Konchalovsky est marié avec la jeune actrice biélorusse Ioulia Vyssotskaïa, qu’il a rencontrée au festival du film de Sotchi. Celle-ci tient les premiers rôles dans les films qui vont suivre : La maison de fous (2002) et Gloss (2007). Le premier de ces deux films narre la vie dans un asile psychiatrique de Tchétchénie. Il a été récompensé par le grand prix du jury à la Mostra de Venise.
Un centre de production et deux Lions d’argent
C’est donc le début de la renaissance pour Andreï Konchalovsky. Il fonde le « centre de production Andreï Konchalovsky » en 2005 pour alimenter en films les grilles de programme de la télévision russe. La chaîne indépendante NTV, par exemple, travaille avec ce centre de production. Sa femme présente l’émission Mangez à la maison !, produite par Konchalovsky.
En 2010, il accepte une commande pour un film de Noël en 3D, Casse-Noisette, inspiré du conte d’Hoffmann et du ballet de Tchaïkovski. En 2014, il est de retour avec un véritable film d’auteur, Les nuits blanches du facteur. Ce long-métrage lui vaut un Lion d’argent, toujours à la Mostra de Venise. Ce prix lui revient deux ans plus tard pour un nouveau film, Paradis.
Je pense que les Oscars sont comme MacDonald’s à présent, c’est une multinationale. Et sa qualité est très discutable.
Andreï Konchalovsky
La nouvelle vie d’Andreï Konchalovsky
Homme de théâtre et homme de médailles
Andreï Konchalovsky n’a jamais couru après les prix, mais il remarque un certain dédain américain pour le cinéma russe. Selon lui, les Oscars ne suivent qu’une logique purement commerciale. Comme il l’avait fait dans les années 1980, Andreï Konchalovsky reste très près du théâtre et des planches. Il met en scène de nombreux pièces en Russie et à l’étranger, à l’ombre des médias.
Dans les années 2000 et 2010, Konchalovsky reçoit de très nombreuses médailles et récompenses. Pour ne pas toutes les citer, notons qu’il est distingué de la Légion d’honneur française depuis 2010. Toujours plus éloigné des affaires politiques que son frère Nikita Mikhalkov, Andreï Konchalovsky ne veut pas dominer le cinéma russe et a des divergences avec sa famille.
L’homme russe n’a aucun sens de l’individualité, ce qui veut dire une sens des responsabilités. Puisqu’il n’a aucun sens des responsabilités, une seule discussion est possible avec lui : un coup de bâton sur la tête et il s’accroupit.
Andreï Konchalovsky
Le projet des Mikhalkov : les restaurants russes
Les deux frères ont proposé ensemble, en 2015, un projet au président Poutine : une chaîne de restauration rapide nommée Mangez à la maison !, dont le but serait d’endiguer le développement des fastfoods à l’occidentale. Le visage de ce projet serait celui de Ioulia Vyssotskaïa, son épouse. Le président russe a soutenu cette idée.
Fin 2017, les premiers restaurants russes Mangez à la maison ! ont été inaugurés en Russie. Andreï Konchalovsky a apporté en retour son soutien à Vladimir Poutine lors de l’élection présidentielle de 2018.
Foire aux questions (FAQ)
Oui, le grand poète russe Sergueï Mikhalkov a eu deux fils, Nikita Mikhalkov et Andreï Mikhalkov-Konchalovsky qui a pris le nom de sa mère.
Andreï Konchalovsky est surtout connu pour Sibériade, Runaway Train, La maison de fous et Les nuits blanches du facteur.
Le réalisateur russe s’est marié cinq fois. Il est actuellement en couple avec Ioulia Vyssotskaïa, animatrice de télévision et actrice.
Lors de l’élection présidentielle de 2018, Andreï Konchalovsky a apporté son soutien à Vladimir Poutine.