Le compositeur russe Semion Kruglikov était l’élève de Rimsky-Korsakov et le professeur de Vassili Kalinnikov. Il est aussi connu en tant que critique musical.
Biographie de Semion Kruglikov
Une formation en ingénierie civile
Semion Kruglikov est né en 1851 à Moscou. Son père est Nikolaï Kruglikov, un lieutenant du régiment des grenadiers de Kexholm et vétéran de la campagne de Crimée. Sa mère, Anastasia Ozerov, est la fille d’un sénateur.
Semion Kruglikov étudie la physique et les mathématiques à l’Université de Moscou. A Saint-Pétersbourg, il suit une formation sur l’exploitation minière et forestière, jusqu’à recevoir son diplôme d’ingénieur civil.
Kruglikov formé par le Groupe des cinq
Il entre en contact avec le Groupe des cinq, composé de musiciens qui œuvrent au renouveau de la musique russe nationale : Alexandre Borodine, Nikolaï Rimski-Korsakov, César Cui, Modeste Moussorgski et Mili Balakirev. Avec ce dernier, il fonde l’Ecole libre de musique de Saint-Pétersbourg.
Dans les années 1870, il étudie la théorie musicale avec Nikolaï Rimski-Korsakov, qui devient son professeur. Il se rend souvent au Cercle des amateurs de musique russe, réunis autour d’Arkady Kerzin, et leur fait découvrir les œuvres du Groupe des cinq.
Professeur de Vassili Kalinnikov
En 1881, Semion Kruglikov commence à enseigner l’harmonie et la théorie musicale à l’école de musique Shostakovsky. Deux ans plus tard, cette institution devient l’école de théâtre musical de la Société philharmonique de Moscou. Il y deviendra professeur de composition à partir de 1891 puis directeur du collège. L’un de ses élèves les plus célèbres est Vassili Kalinnikov, qui lui dédie sa magnifique Première symphonie.
Semion Kruglikov, critique musical
En parallèle, Semion Kruglikov est de plus en plus connu en tant que critique musical. Il gagne ainsi le surnom de Magister elegantiarum, le « professeur de la grâce », donné par ses confrères. Il commence la critique en 1881 dans Modern News, sous le pseudonyme « Vieux Musicien ».
Dans les années 1890, Semion Kruglikov est consultant musical pour un opéra privé de Moscou. Il utilise son influence pour faire passer sa musique préférée au programme de l’opéra. On entend ainsi Alexandre Dargomyjski ou encore Mikhaïl Glinka.
Les lettres de Piotr Tchaïkovski à Semion Kruglikov
Semion Kruglikov échange souvent avec le très célèbre Piotr Tchaïkovski. Les archives nous ont permis d’accéder à quatre lettres envoyées par le compositeur du Lac des cygnes à Kruglikov. L’Ours Magazine vous révèle ici ces correspondantes inédites :
Lettre du 2 avril 1887, depuis Moscou.
« Cher Semion Nikolaïevitch,
Je vous remercie de tout mon cœur d’avoir envoyé le billet et je m’empresse de m’excuser pour vous avoir dérangé inutilement par ma demande. Il s’avère que je ne peux pas être au théâtre aujourd’hui, mais j’y serai toute la journée de demain avec Pavel Blaramberg, qui m’a promis de m’accompagner pour cette soirée au moins. Je vous suis très, très reconnaissant et vous prie de m’excuser de ce dérangement inutile. Je vous remets ici le billet. Avec ma dévotion et mon respect sincère. »
Lettre du 23 novembre 1887, depuis Moscou
« Cher Semion Nikolaïevitch,
Je vous ai écrit hier et, à ma grande honte, j’avais égaré votre carte et je ne savais pas où l’envoyer. Aujourd’hui, Nikolaï Kashkine m’a donné votre adresse. Je m’empresse de vous dire que vous avez la liberté totale d’assister aux répétitions. Cependant, au cas où, je vous enverrai ma carte. Avec une dévotion sincère. »
Lettre du 3 août 1889, depuis Kline
« Cher Semion Nikolaïevitch,
Je vais certainement écrire un petit morceau ou une romance que je remettrai à l’éditeur au plus tard le 15 août, mais je ne peux me porter garant de la qualité, parce que suis terriblement pris par un travail urgent (composer un ballet). Je vous exhorte à assurer la relecture vous-même. Une fois de plus, je réitère ma ferme promesse de livrer le manuscrit à temps et, vous souhaitant tout le meilleur, je reste votre sincère dévoué. »
Lettre du 28 août 1889, depuis Kline
« Cher Semion Nikolaïevitch,
Je suis désolé d’avoir mis autant de temps à répondre à votre lettre. Je suis extrêmement heureux d’apprendre que vous aimez ce petit morceau. Félicitez-moi : aujourd’hui, j’ai terminé l’énorme partition du ballet. Mes épaules ont soulevé toute une montagne. »