Le 40e anniversaire de la mission spatiale franco-soviétique Saliout-7 a été fêté lors d’une soirée à la Maison russe des sciences et de la culture, en présence de l’ambassadeur de Russie et de Pierre de Gaulle, petit-fils du célèbre général.
Rien ne survit mieux aux antagonismes que la coopération scientifique ; elle porte en elle l’intelligence des peuples. Cette leçon des âges a encore été vérifiée jeudi 12 janvier 2023, à l’occasion du 40e anniversaire de la mission spatiale franco-soviétique Saliout-7 et le 30e anniversaire de la mission Antarès. Rapide rappel : en 1982, l’Union soviétique envoie la station spatiale Saliout-7 en orbite autour de la Terre.
Entre juin et juillet de la même année, une mission composée de deux cosmonautes soviétiques (Vladimir Djanibekov et Aleksandr Ivanchenkov) et d’un astronaute français (Jean-Loup Chrétien) effectue le second voyage habité sur la station Saliout-7. Grâce à cette collaboration, Jean-Loup Chrétien devient le premier Français à voyager dans l’espace, et au-delà, le premier spationaute non Américain et non Russe à effectuer une sortie extravéhiculaire.
Dix ans plus tard, en 1992, une nouvelle mission franco-russe décolle du cosmodrome de Baïkonour en direction de la station spatiale Mir, avec à son bord deux Russes (Anatoly Solovyev et Sergueï Avdeïev) et un Français (Michel Tognini).
Pierre de Gaulle et Alexeï Mechkov réunis pour l’amitié franco-russe
La Maison russe des sciences et de la culture, à Paris, a organisé cette soirée pour se souvenir des deux vols habités et célébrer la coopération entre la France et la Russie, à l’époque de Saliout encore URSS. Plusieurs invités de marque étaient présents, notamment le petit-fils du Général de Gaulle et fils de Philippe, Pierre de Gaulle. Il a tenu dans son discours à rappeler l’Histoire commune qui lie les deux pays et la nécessité de poursuivre dans cette voie, surtout dans ce temps de déchirement au sein du continent. Geste fort, il a cosigné les cartes commémoratives de l’événement avec l’ambassadeur de Russie en France, Alexeï Mechkov et Aleksandr Rabotkevich, directeur des archives de l’Académie russe des sciences.
Les deux astronautes français, Jean-Loup Chrétien et Michel Tognini, ont fait l’honneur d’adresser quelques mots en visioconférence. Ils en ont profité pour remercier, trois et quatre décennies plus tard, tous les Russes qui les ont accompagnés dans leurs missions respectives, sans en oublier aucun. Les invités ont également pu voir les discours – enregistrements retransmis – de Vladimir Djanibekov et Aleksandr Ivanchenkov, les deux membres de l’équipage de la mission Saliout-7.
Leurs anecdotes sur le voyage, qui est aussi une rencontre entre des citoyens de pays très différents, mais qui se respectent, ont souligné à quel point les scientifiques – et surtout ceux qui voient la planète depuis un hublot – sont les meilleurs représentants de l’amitié entre les peuples. Ivanchenkov rappelait ainsi comment les deux Soviétiques ont décidé de s’occuper des opérations pendant toute une journée, pour laisser leur collègue français admirer la France, dont le ciel était merveilleusement dégagé. Et Jean-Loup Chrétien a vraiment passé la journée en contemplation.
Pendant la même soirée, l’artiste Marina Plotnikova a fait le vernissage de son exposition « Nébuleuses », pendant que les convives partageaient un cocktail de bienvenue. Le chanteur Guillaume Rat a interprété « Saint-Exupéry », récoltant des applaudissements nourris. Il continue par ailleurs d’œuvrer pour mettre en place la Route des étoiles, un projet solidaire et international pour les enfants autistes.
L’événement de ce jeudi semble rappeler à quel point la coopération entre les nations peut servir à nouer des liens bien plus solides que ceux de la politique. Notons qu’en ce début d’année 2023, la station spatiale russe et la Nasa organisent une mission de sauvetage commune pour récupérer trois astronautes coincés dans une capsule Soyouz sur l’ISS. A travers les conflits, les oppositions, les hommes qui gouvernent, on retiendra que l’immensité du cosmos, elle seule, sait rendre l’Homme bien moins grand qu’il ne veut se croire.
Aleksandr Rabotkevich et Pierre de Gaulle
