Les Jeux olympiques ont eu lieu sans la Russie, qui avait toujours figuré dans le top 5 des médailles d’or au XXIe siècle. Mais une poignée d’athlètes ont pu y participer en respectant des conditions très strictes. Quel est leur bilan ? Nos réponses.
“Une spectaculaire célébration de notre humanité unie dans toute sa diversité“. Voilà ce que fut, selon les mots du président du CIO Thomas Bach, les Jeux olympiques de Paris. Humanité à laquelle il faudrait donc retrancher sans aucun motif sérieux des centaines d’athlètes ; ou plutôt, aucun autre motif que leur lieu de naissance, le pays dans lequel ils sont nés : la Russie.
L’esprit olympique en panne
Qui pourrait sérieusement vanter d’une main l’esprit olympique, “toujours plus inclusif“, distinguant le sport de la politique, et de l’autre main, affirmer que des femmes et des hommes hockeyeurs, judokas ou cyclistes, qui ont tendu leur vie entière vers ce rêve olympique ont, de près ou de loin, quelque chose à voir avec la guerre menée par leur pays en Ukraine ? En fin de compte, est-ce la guerre, le motif ? Si oui, il faudrait expliquer ce qui a permis à l’Azerbaïdjan, agresseur de l’Arménie, de participer aux Jeux. Il faudrait détailler les raisons qui autorisent Israël, la Palestine, la Chine, et jusqu’à la Corée du Nord, tous officiellement en guerre, à présenter leurs bannières sous la flamme.
Les athlètes russes se sont vus proposer in extremis de participer au grand raout sportif s’ils montraient patte blanche, se soumettant à une kyrielle de conditions. Ils devaient prouver qu’ils ne soutenaient pas la guerre, prouver qu’ils n’étaient pas liés à des organisations armées, accepter de concourir sans hymne ni drapeau, au contraire, de se voir flanquer sur leur maillot unicolore l’humiliante mention apatride “athlète individuel neutre“. Comble de la disgrâce, les athlètes russes vainqueurs ne figurent pas sur le tableau des médailles. Les Azéris, qui mènent la guerre dans le Haut-Karabagh depuis 2020 et ont provoqué l’exil de 100 000 civils arméniens, ont pu célébrer les sept médailles d’or de leur pays, sous l’œil bienveillant de Thomas Bach et son “humanité unie“. Deux poids, deux mesures.
Privés de la cérémonie d’ouverture, les athlètes “neutres” (pour ne pas dire “neutralisés“) ont été conviés, comme une récompense de leur bonne tenue, à la cérémonie de clôture. L’occasion pour nous de faire le bilan chiffré de leur participation, pour mettre en lumière ce qui est tu, ce qui est caché.
Combien de participants russes et combien de médailles ?
Le bilan est tel. Seuls 15 Russes étaient présents à Paris, contre 333 lors de la précédente édition, à Tokyo. Notons que de nombreux athlètes russes ont décidé de représenter d’autres nations. C’est le cas de la nageuse Anastasiia Kirpichnikova et la joueuse de tennis Varvara Gracheva (pour la France), le lutteur Georgii Okorokov (pour l’Australie) ou encore l’athlète Sardana Trofimova (pour le Kirghizistan).
En 2021, les 333 Russes avaient rapporté 71 médailles, dont 20 en or, ce qui fait un ratio de 21%. Cette année, les 15 Russes ne sont parvenu qu’à ramener une seule médaille, celle d’argent, grâce au double féminin de tennis Mirra Andreeva et Daria Schnaider. Les Biélorusses, qui étaient 17, ont réussi à décrocher 4 médailles, dont une en or. Ce qui fait pour cette “délégation des parias” un total de 5 médailles pour 32 athlètes. Un score équivalent à celui de l’Espagne, qui avait plus de 300 athlètes, et supérieur au total de pays tels que la Suède (4), la Norvège (4), la Belgique (3), le Brésil (3) et de l’Ukraine (3), qui avait reçu plus de 140 invitations aux JO.