Le compositeur russe Mili Balakirev est le fondateur du Groupe des Cinq. Ses partitions pour piano sont peu connues mais révèlent pourtant un génie musical.
Une jeunesse dédiée au piano
Enfance de Balakirev
Mili Balakirev est né le 2 janvier 1837 à Nijni Novgorod au sein d’une famille modeste. Très jeune, il est passionné par la musique mais ne peut s’y orienter, faute de moyens. Sa mère lui donne des cours. A dix ans, son père Alekseï parvient néanmoins à lui payer dix leçons de piano auprès d’un grand professeur, Alexandre Dubuque, qui enseigne à Moscou.
Cours avec Oulybychev
De retour à Nijni Novgorod, Mili Balakirev suit les leçons de piano de Alexandre Oulybychev. Ce philanthrope est notamment le premier auteur russe à avoir rédigé une monographie sur Mozart. Ainsi, au cours de sa jeunesse, Balakirev n’a pas véritablement d’enseignement musical encadré. Il est marqué par le Concerto pour piano de Chopin et Une vie pour le tsar de Glinka. Toute sa vie, il est resté fidèle à ces deux compositeurs.
Entre 1853 et 1855, il est auditeur libre à l’université de mathématiques de Kazan. Oulybychev lui propose des petits emplois au sein de son orchestre. Il est d’abord chargé des copies, puis des arrangements, et devient enfin directeur de l’orchestre. Cela lui permet d’étudier les œuvres des grands compositeurs, grâce auxquelles il acquiert une expérience qui lui servira par la suite.
L’école de musique avec Lomakine
En 1855, Mili Balakirev rencontre son idole Mikhaïl Glinka à Saint-Pétersbourg. Cette entrevue scelle définitivement le destin du musicien. Quelques temps plus tard, il se produit devant le public pétersbourgeois en tant que pianiste virtuose. Avec le chef de chœur Gavriil Lomakine, il fonde l’École libre de musique, sous le patronage impérial, le 18 mars 1862.
L’école connait alors un petit succès. Lomakine dirige des concerts de chant, tandis que Balakirev y dirige les concerts d’orchestre. En 1866, il est invité à Prague pour diriger deux œuvres de Glinka : Une vie pour le tsar et Rouslan et Ludmila. Il est acclamé. C’est un triomphe.
Mili Balakirev et le Groupe des Cinq
En parallèle de l’école, dans les années 1860, il forme le Groupe des Cinq. Autour de lui, on retrouve de jeunes et talentueux compositeurs dévoués à la musique nationale russe : Modeste Moussorgski, César Cui, Nikolaï Rimski-Korsakov et Alexandre Borodine. Loin d’être le meilleur des cinq, il sert néanmoins de moteur. Après des années de succès, le groupe se sépare en 1870. Il s’est dit, à ce moment, « abandonné par sa couvée ».
Concerts symphoniques
De 1867 à 1869, Mili Balakirev dirige de nombreux orchestres symphoniques. Parmi les œuvres jouées, on retrouve surtout des partitions de Berlioz et Liszt, mais aussi les membres du Groupe des Cinq. Nikolaï Rubinstein lui propose un poste de professeur au Conservatoire de Moscou, mais il s’estime trop peu compétent. En 1868, Lomakine abandonne la direction de l’École libre de musique. Balakirev prend alors la relève.
La descente aux enfers
Le décès de sa mère en 1871 le bouleverse. Au début des années 1870, il cesse de composer, de donner des cours et de diriger les concerts. Il traverse une période très difficile, sombre dans la superstition et songe à entrer au monastère. Le prêtre Ivan Verkhovsky le lui déconseille. Il s’engage en 1872 comme employé du chemin de fer de Varsovie. Il devient également végétarien (sauf le poisson).
Balakirev, qui ne croyait pas en dieu, s’est mis à croire au diable. Cependant, la peur du diable l’a conduit plus tard à croire en dieu.
Nikolaï Rimski-Korsakov
Orthodoxe presque extrémiste, alors qu’il fut jadis athée et libre-penseur, Balakirev tombe dans une forme de folie. Il n’a jamais eu de femme ni même d’histoire d’amour. Désormais, il se dit amoureux des animaux, aussi bien les chats, les chiens, que les insectes. Quand il trouve un insecte chez lui, il l’attrape et ouvre la fenêtre : « Va, envole-toi vers Dieu ». Sa maison est remplie d’icônes anciennes. Il songe aussi à écrire un opéra inspiré du livre Que faire ? du philosophe Tchernychevski.
Balakirev antisémite
Mili Balakirev devient un antisémite notoire. Il reproche aux Juifs la crucifixion du Christ et adresse des attaques contre le compositeur Anton Rubinstein, fondées uniquement sur ses origines. Dans la suite de sa carrière, Balakirev s’est arrangé pour empêcher toute recrue de Juif dans les institutions qu’il dirigeait.
Tout ce mélange de douceur chrétienne et de calomnies, d’amour pour les animaux et de haine du prochain, d’intérêts créatifs et de mesquineries, cela a frappé tous ceux qui l’ont vu à l’époque.
Nikolaï Rimski-Korsakov
Retour sur le devant de la scène
Mili Balakirev fait son grand retour en 1881, quand il reprend la direction de l’école de musique de Saint-Pétersbourg. Un poste de confiance lui est donné en 1883. Il est nommé directeur de la chapelle impériale, et se fait aider pour cela de son ami Nikolaï Rimski-Korsakov. Pendant ces années, il recréé un groupe musical, dont fait notamment partie Sergueï Liapounov. Il décède le 29 mai 1910 à Saint-Pétersbourg.
Œuvres de Mili Balakirev
- Concerto pour piano 1
- Concerto pour piano 2
- Fantaisie pour piano
- Symphonie n°1
- Symphonie n°2
- Islamey
- Ouverture tchèque
- Tamara
- Sur la Volga
- Trente chansons du peuple russe
- Suite pour piano
Foire aux questions
Mili Balakirev avait réuni, dans le Groupe des Cinq, les compositeurs russes Modeste Moussorgski, Nikolaï Rimski-Korsakov, César Cui et Alexandre Borodine.
Mili Balakirev a laissé de jolis concertos pour piano et deux symphonies, mais il est surtout connu pour Islamey.