Sergueï Prokofiev, le plus moderne des compositeurs russes, a connu l’exil et le retour en Russie, où il décède le même jour que Staline. Il a laissé des œuvres impérissables comme Pierre et le loup, Roméo et Juliette, Lieutenant Kijé. Il fut un maître dans les compositions pour le grand écran.
Prokofiev, couvé par sa mère et sûr de son génie
Né le 23 avril 1891 à Sontsivka, Sergueï Prokofiev est né après la grande vague des romantiques russes, marquée par le groupe des cinq. Il est bercé au piano par sa mère, qui maîtrise Chopin, Tchaïkovski et Rubinstein. Elle lui enseigne très tôt les bases de la musique. Avec elle, il part à Moscou et suit les cours de Reinhold Glière.
Il rejoint ensuite le prestigieux Conservatoire de Saint-Pétersbourg, où il est formé entre autres par Nikolaï Rimski-Korsakov pour l’orchestration et Nicolas Tcherepnine pour la direction d’orchestre. Il affiche très tôt son esprit indépendant et novateur, et n’hésite pas à se déclarer meilleur que ses camarades.
L’exil et la brouille avec Stravinski
Lorsque la Révolution éclate, Sergueï Prokofiev a un premier réflexe : celui de partir pour le Caucase, où il se sent serein pour composer. Souvent touché par la censure, il quitte le pays en même temps que Igor Stravinski. Il soutient quand même le régime, avec qui il reste en relation.
Il en profite pour visiter les États-Unis et l’Europe. Il compose toujours des œuvres liées à l’univers de l’opéra, du théâtre ou des ballets. En France, il se rapproche de Picasso et Matisse, en même temps que ses liens deviennent tendus avec Stravinski. On oppose souvent la perfection de Stravinski et le style minéral et rocailleux de Prokofiev. Finalement, le compositeur décide de retrouver l’URSS.
Le sommet de la gloire, au pays des soviets
De retour au pays en 1933, il coopère très régulièrement avec les différentes institutions du pays pour valoriser la musique dans tous les arts : le Bolchoï, cinéma, arts pour enfants… Son ballet Roméo et Juliette et sa musique pour enfants Pierre et le loup ont beaucoup de succès.
C’est surtout au cinéma que le génie de Prokofiev, très futuriste, s’exprime le mieux. Il compose Le lieutenant Kijé pour le réalisateur Alexandre Feinzimmer ou encore la musique des films de Sergueï Eisenstein comme Alexandre Nevski et Ivan le Terrible.
Prokofiev a certes écrit des œuvres « officielles », mais il convient de rappeler que sa femme était déportée en Sibérie et sa fille prise en otage…
Pendant la Seconde guerre mondiale, il vit réfugié au Caucase avec sa femme. Il meurt le 5 mars 1953, le même jour que Staline – une heure avant! Staline, pour lequel il a composé une ode.
Les plus grandes œuvres de Prokofiev
- L’amour des trois oranges
- Guerre et paix
- Chout
- Roméo et Juliette
- Cendrillon
- Eugène Onéguine
- Boris Godounov
- Lieutenant Kijé
- Alexandre Nevski
- Ivan le Terrible
- Pierre et le loup