Le réalisateur russe Vsevolod Poudovkine, mondialement connu pour son adaptation du roman de Gorki, La Mère, est considéré comme un pionnier soviétique du cinéma.
Famille
Vsevolod Poudovkine est né le 16 février 1893 à Penza, dans l’Empire russe. Il est le troisième enfant d’une famille paysanne nombreuse. Son père, Illarion Poudovkine, travaille en tant que commis dans le commerce. Lorsqu’il a quatre ans, Vsevolod et sa famille partent vivre à Moscou. Il est diplômé du lycée classique (gymnase) avant de s’inscire à l’université de Moscou, dans le département des sciences naturelles.
Prisonnier de guerre
Le début de la Première Guerre mondiale empêche Vsevolod Poudovkine de terminer ses études. Dès 1914, il se porte volontaire pour l’armée russe, au sein de l’artillerie. En janvier 2015, il est blessé puis capturé par l’ennemi. Il doit travailler en temps que chimiste dans le camp de prisonniers de Kiel, en Poméranie.
Pendant trois ans de captivité, il apprend l’allemand, l’anglais et le polonais. Lors d’une révolte des marins de Kiel, en 1918, il parvient à s’évader.
Chimiste
Huit mois après son évasion, Vsevolod Poudovkine retrouve Moscou, devenue soviétique. Son premier emploi est travailleur social, au sein du bureau d’enrôlement militaire. Il finit par trouver un travail de chimiste dans le laboratoire Fosgen-1. En parallèle, il commence à laisser parler sa créativité artistique à travers la peinture, la musique, et enfin le théâtre.
Débuts de Poudovkine au cinéma
Lorsqu’il visionne le film Intolérance, de David Griffith, Poudovkine est convaincu qu’il deviendra réalisateur. En 1920, il entre sans examen à l’Ecole d’Etat de la cinématographie et suit pendant deux ans les cours de Lev Koulechov et Vladimir Gardine. Il collabore avec ce dernier à la réalisation du film La faucille et le marteau (1921) pour les studios Mosfilm.
Chez Koulechov
Entre 1923 et 1925, Vsevolod Poudovkine travaille à nouveau avec Lev Koulechov à temps partiel. Celui-ci a fondé un Laboratoire expérimental dans lequel oeuvrent Boris Barnet et Vladimir Fogel.
Pendant cette période, il se marie avec Anna Zemtsova, une actrice (connue comme Anna Lee) et journaliste soviétique. Après plusieurs rôles, Poudovkine se sépare de Koulechov et entre au service de la Mezhrabpom-Rus.
Salué par Ivan Pavlov
Avec son nouvel ami Anatoli Golovnia, qui sera son directeur de la photographie, Poudovkine réalise son premier long-métrage : Les mécanismes du cerveau. Ce film parle du réflexe conditionnel de Pavlov, que le réalisateur a bien étudié.
Le chercheur Ivan Pavlov applaudit d’ailleurs Les mécanismes du cerveau à sa sortie, tout comme la majorité des scientifiques de l’URSS. Il interrompt ensuite le tournage pour démarrer La fièvre des échecs, qui sera véritablement son premier film (1925).
Le succès de Poudovkine
En 1926, Vsevolod Poudovkine connaît enfin le succès grâce à son film La Mère. Il s’agit d’une adaptation du roman éponyme de Maxime Gorki. Aujourd’hui considéré comme une œuvre majeure du cinéma soviétique, La Mère s’est exportée par-delà les frontières. Il est étudié dans toutes les écoles de cinéma. Les films Les derniers jours de Saint-Pétersbourg (1927) et Tempête sur l’Asie (1928) connaissent également un terrible succès.
Manifeste sur le contrepoint
Au même moment, il se met à rédiger de nombreuses analyses sur le cinéma, devenant ainsi l’un des premiers théoriciens-réalisateurs. Ses études sur le son, le réalisme et certains aspects alors inconnus servent aux futurs élèves. En 1928, il cosigne avec Sergueï Eisenstein et Grigori Alexandrov le Manifeste sur le contrepoint orchestral.
Un article de Guy Chapouillié (« Sous le signe du drapeau rouge », janvier 1998, paru dans Entrelacs) rappelle cette prise de position : « Déjà en 1928, S. Eisenstein, V. Poudovkine et G. Alexandroff préconisent la méthode du contrepoint dans leur manifeste sur l’avenir du film sonore, mais suggèrent surtout de repousser les limites en spéculant sur un son traité en tant qu’élément du montage, indépendant de l’image visuelle ».
Récompenses
En 1935, il reçoit le prix Lénine pour l’ensemble de sa production. Un accident de voiture le blesse sérieusement et cause la mort de son scénariste. Vsevolod Poudovkine est contraint de mettre de côté le cinéma quelques temps à cause de ses soucis de santé.
A la fin des années 1930, il revient dans les studios Mosfilm pour y réaliser plusieurs films historiques. Minine et Poujarski, ainsi que Souvorov, lui valent de recevoir le prix Staline en 1940.
Vsevolod Poudovkine à Almaty
Pendant la Seconde Guerre mondiale, tous les employés des studios Mosfilm et Lenfilm sont évacués à Almaty, au Kazakhstan. Poudovkine réalise Au nom de la patrie (1943) avec Dmitri Vassiliev. Il s’agit à l’origine d’une pièce de Konstantin Simonov. Poudovkine joue le rôle du méchant, un général allemand glaçant.
Toujours pendant la guerre, à Almaty, il joue un petit rôle dans le film Ivan le Terrible de Sergueï Eisenstein. Il s’entend particulièrement bien avec le réalisateur du Cuirassé Potemkine, ainsi qu’avec Sergueï Guerassimov. Les trois artistes fondent ensemble un comité international pour être en contact avec les responsables cinématographiques des pays alliés.
Fin de vie
Au tournant du siècle, Vsevolod Poudovkine voyage en Italie et en Inde, où il s’imprègne des cultures locales. A la fin du mois de juin 1953, il contracte une grippe et une forte fièvre à Jurmula, près de Riga. Toujours malade, il joue pourtant au tennis. La nuit suivante, on lui diagnostique un infarctus du myocarde. Après un regain de forme, il décède d’une crise cardiaque le 30 juin.
Œuvres de Vsevolod Poudovkine
- La fièvre des échecs (1925)
- Le rayon de la mort (1925)
- La Mère (1926)
- La mécanique du cerveau (1926)
- Les derniers jours de Saint-Pétersbourg (1927)
- Tempête sur l’Asie (1928)
- Une affaire banale (1932)
- Le déserteur (1933)
- Pobeda (1938)
- Minine et Pojarski (1939)
- Souvorov (1941)
- Les meurtriers sont en chemin (1942)
- Au nom de la patrie (1943)
- Amiral Nakhimov (1946)
- Trois rencontres (1948)