Le compositeur russe Vissarion Chebaline a eu une importance majeure dans la modernisation de la musique classique soviétique, aux côtés de Kabalevski, Miaskovski et Chostakovitch. La politique culturelle de Jdanov lui a porté préjudice.
Jeunesse et goût pour la musique
Vissarion Chebaline est né le 29 mai 1902 à Omsk, dans une famille de la classe moyenne. Son père Yakov est professeur de mathématiques au collège de la ville, et sa mère est femme au foyer. En 1912, Yakov devient professeur de musique, monte un ensemble musical ainsi qu’une chorale. Il deviendra ensuite responsable de la bibliothèque scientifique.
Toute la famille s’installe à l’école. Le petit Vissarion Chebaline, diplômé en 1919, entre à l’Institut sibérien d’agriculture et d’industrie, dans lequel il reste un an et demi. Il étudie le piano et la composition à l’école de musique d’Omsk. En 1921, il écrit un Scherzo pour grand orchestre et plusieurs partitions pour piano.
Chebaline à l’école de Miaskovski
Ses professeurs à Omsk sont Mikhaïl Nevitov, élève de Glière, pour la composition, et B. Medvedev pour le piano. Ceux-ci lui conseillent de présenter ses premières productions à Reinhold Glière et Nikolaï Miaskovski, à Moscou. C’est ce qu’il fait. Les compositeurs sont si séduits par le talent du jeune homme que ce dernier est intégré au Conservatoire.
Entre 1923 et 1928, Vissarion Chebaline suit les cours de piano de N. Kouvchinnikov et de composition de Nikolaï Miaskovski. Chebaline est d’ailleurs très lié à ce dernier, qui l’a incité à faire partie de l’Association pour la musique contemporaine. Ce cercle informel est réuni dans l’appartement du professeur Pavel Lamm. Il y rencontre notamment Dmitri Chostakovitch.
La musique moderniste de Chebaline
Vissarion Chebaline est, dans les années 1920, jugé comme un moderniste mais tout de même apprécié par la critique. Il compose ses partitions en s’inspirant de poèmes d’Alexandre Blok, Anna Akhmatova ou encore Sergueï Essénine. Sa Première symphonie, si elle s’avère très moderne, rend aussi hommage à Alexandre Borodine et Alexandre Scriabine.
En 1928, Chebaline obtient avec panache son diplôme, où il commence immédiatement à enseigner. Son travail constitue aussi à compléter l’Ouverture-symphonie de Mikhaïl Glinka et achever l’opéra La foire de Sorotchinski, de Modeste Moussorgski. En 1935, il devient professeur titulaire et s’occupe aussi d’enseigner la composition à l’institut musical de Gnessine.
Un grand professeur et directeur du Conservatoire de Moscou
Vissarion Chebaline est nommé directeur du Conservatoire de Moscou entre 1942 et 1948. Parmi ses élèves, on peut citer Boris Tchaïkovski, Edison Denisov, Tikhon Khrennikov, Karen Khatcharourian, Oscar Feltsman, Sofia Goubaïdoulina, Boris Mokrousov, Veljo Tormis ou encore Alexandra Pakhmoutova.
Sa cinquième symphonie est une œuvre brillante et créative, emplie des plus hautes émotions, optimiste et pleine de vie.
Dmitri Chostakovitch
En 1943, il reçoit le Prix Staline pour son Quatuor à cordes n°5, puis quatre ans plus tard pour sa cantate Moscou. Il est même élevé au rang d’Artiste du peuple. Cependant, les cadres artistiques du réalisme socialiste imposés par Jdanov empêche Chebaline de poursuivre sur sa voie. Il est démis de ses fonctions en 1948 lors de la lutte « contre le formalisme ».
En 1953, Vissarion Chebaline fait une attaque cardio-vasculaire qui le laisse paralysé. Il compose néanmoins son plus grand succès, en 1957, La mégère apprivoisée. Ayant perdu le langage et très affaibli, Chebaline parvient à achever sa Symphonie n°5, qu’il dédie à Miaskovski. Il décède le 29 mai 1963 à Moscou.
Œuvres de Vissarion Chebaline
- Symphonie n°1 (1925)
- Symphonie n°2 (1929)
- Symphonie n°3 (1935)
- Symphonie n°4 (1935 et 1961)
- Symphonie n°5 (1962)
- Lénine (1931 et 1959)
- Sinfonietta (1951)
- Moscou (1946)
- La mégère apprivoisée (1946-1956)
- Sonate pour violon (1958)