Le compositeur russe Lazare Saminsky est connu pour son investissement dans la musique juive. Mais qui était cet élève de Rimski-Korsakov ?
La jeunesse de Lazare Saminsky
Lazare Saminsky est né en 1882 à Valegozulovo, près d’Odessa, au sein d’une famille de marchands. Son entourage lui donne rapidement une formation dans les arts, la science et les langues. Entre 1903 et 1905, il étudie au Conservatoire d’Odessa. Il déménage ensuite à Moscou où il étudie à la fois la musique, les mathématiques et la philosophie.
En 1905, Lazare Saminsky participe aux manifestations étudiantes qui ont lieu dans les grandes villes de Russie. Cela lui vaut une expulsion de son école. Il part donc pour Saint-Pétersbourg et entre au Conservatoire. Il reçoit des leçons de musique de la part de très grands compositeurs comme Nikolaï Rimski-Korsakov, Anatoli Liadov ou encore Nicolas Tcherepnine.
Séjour en Géorgie et travail sur la musique juive
Avec le compositeur Mikhaïl Gnessine, surnommé le « Glinka juif », Lazare Saminsky crée la Société pour la musique juive. Il écrit beaucoup pour cette société et travaille aux publications. Cependant, de 1911 à 1919, Lazare Saminsky habite à Tbilissi en Géorgie et diminue donc sa participation à la société. Il préfère s’intéresser aux musiques géorgiennes et arméniennes.
En Géorgie, Lazare Saminsky devient directeur du Conservatoire de Tbilissi, de 1917 à 1918. En parallèle de ses recherches sur les musiques juives du Caucase, il compose. C’est à ce moment, par exemple, qu’il écrit l’opéra Empereur Julien (Tsar Yulian), qu’il détruira par la suite. Ses études sur la musique caucasienne lui font découvrir de nombreuses choses sur les styles de cantillations (nigoun, en hébreu).
Lazare Saminsky quitte la Russie pour les Etats-Unis
En 1919, Lazare Saminsky quitte l’Union soviétique et se rend en France et en Angleterre. Cette époque est intéressante pour lui car, après avoir donné plusieurs récitals de musiques russes et juives, il dirige une saison de ballet au Duke of York’s Theatre de Londres. Là-bas, Saminsky rencontre la poétesse Lillian Morgan, qui devient sa femme.
Lazare Saminsky pose ses valises sur l’autre continent, aux Etats-Unis, à la fin de l’année 1920. Il occupe plusieurs rôles, puisqu’il est compositeur, chef d’orchestre et producteur de spectacles. En Amérique, le musicien devient un membre important de l’International Composers Guild, puis directeur musical du temple Emanu-El à New York. Pour cette synagogue, Lazare Saminsky compose la musique des cérémonies et du sabbat, travaillant avec Isidor Freed et Joseph Achron.
La musique de Saminsky
Il a aussi écrit plusieurs livres sur la musique juive, la musique contemporaine et la direction d’un orchestre. Ses principales œuvres sont inspirées en grande part du répertoire yiddish des abords de la Russie. Il a laissé cinq symphonies et trois opéras, dont The vision of Ariel et Gagliarda of a merry plague.
La pensée artistique de Saminsky n’est pas cloisonnée à la musique, puisqu’il fréquente les cercles juifs composés d’ethnologues, intellectuels et traditionalistes religieux qui souhaitent réinventer la culture russo-juive.
Œuvres de Lazare Saminsky
- 1914 : Symphonie n°1 (Of the great rivers)
- 1916 : The vision of Ariel
- 1917 : The vow – rhapsodic variations for piano and orchestra
- 1918 : Symphonie n°2 (Symphonie des sommets)
- 1924 : Symphonie n°3 (Symphony of the seas)
- 1925 : Gagliarda of a merry plague
- 1927 : Symphonie n°4
- 1929 : The daughter of Jepta
- 1932 : Symphonie n°5
- 1933-1938 : Julian, the apostate Caesar