Gueorgui Sviridov est un des grands compositeurs soviétiques. Son amour de la poésie a séduit la Russie, surtout lorsque celle-ci fut frappée par la guerre.
Famille et enfance
La perte du père
Le compositeur russe Gueorgui Sviridov est né le 16 décembre 1915 à Fatej dans l’oblast de Koursk. Il n’a pas eu le temps de connaître son père Vassili, facteur, puisque celui-ci est tué lors de la guerre civile en combattant du côté bolchévique. Gueorgui Sviridov n’avait alors que quatre ans. Sa mère, qui est enseignante, décide de déménager avec sa famille à Koursk, en 1924.
L’intérêt pour la musique
Gueorgui Sviridov étudie alors à l’école primaire, où il développe un goût certain pour la littérature. Cependant, peu à peu, c’est une autre discipline qui aura son intérêt premier : la musique. A seulement neuf ans, il apprend son premier instrument de musique, le piano. Le petit Sviridov est très vite fasciné par un autre instrument : la balalaïka.
Débuts musicaux de Sviridov
Le talent de Sviridov pour la musique est tel qui parvient à apprendre à jouer à l’oreille. On l’accepte alors dans un ensemble folklorique. A partir de 1929, il suit les cours de l’école de musique locale avec M. Kroutinski et V. Ufimtseva. C’est ce premier professeur qui le convainc d’aller à Saint-Pétersbourg (alors Leningrad) en 1932 pour y faire carrière.
Reçu à l’Académie centrale de musique de Leningrad, Gueorgui Sviridov suit les cours de piano d’un certain Isai Braudo et ceux de composition de Mikhaïl Yudine, que l’on surnommait alors le Bach russe. Le jeune prodige obtient sans difficulté son diplôme en 1936. Il décide alors d’entrer au Conservatoire de Leningrad dans les classes de Piotr Riazanov et Dmitri Chostakovitch.
Un compositeur romantique russe
Et la prophétie de Kroutinski commence déjà à se réaliser, puisque la carrière de Sviridov semble prendre forme. Il est reçu dans l’Union des compositeurs soviétiques en 1937. Il est en effet compositeur depuis 1935, date à laquelle il signe un cycle de romances lyriques basées sur les poèmes d’Alexandre Pouchkine.
Il s’agit de la première période de Gueorgui Sviridov, qui est allé très impressionné par les compositeurs romantiques allemands. Son style est très ancré dans la tradition. Il s’appuie sur les œuvres de William Shakespeare ou encore Robert Burns. C’est sans doute les tensions militaires qui conduiront Sviridov à adopter un style plus patriote à la fin des années 1930.
Sviridov et les années de guerre
En 1941, son diplôme du Conservatoire tout juste en poche, Gueorgui Sviridov est mobilisé pour l’armée. Il est envoyé à l’école militaire de surveillance, d’alerte et de communication aérienne de Leningrad (VNOS). Il est ensuite transféré à Birsk, dans la république de Bachkirie. Nul doute que cela n’a pas été épanouissant pour Sviridov, qui présente des signes de mauvaise santé. Il est donc démobilisé avant la fin d’année 1941.
Jusqu’en 1944, il vit à Novossibirsk où stationne l’orchestre philharmonique de Leningrad. Il compose alors de nombreuses chansons de guerre, dont la plus connue est Le chant des braves, inspiré du poème d’Alekseï Sourkov. Gueorgui Sviridov n’est pas le seul compositeur russe à faire cela, la plupart se dédie aux œuvres patriotiques.
Dernières œuvres et fin de vie
Sviridov écrit également la musique de pièces de théâtre qui se joueront en Sibérie, loin du conflit. Il est l’auteur de la musique de The sea wide apart en 1943. Après la guerre, il retourne à Leningrad orné d’un joli prix Staline où il réside jusqu’en 1956, avant de rejoindre Moscou. Il est alors très prolixe : symphonies, concertos, oratorios, cantates, romances, chansons…
La vie de Sviridov n’est ensuite plus aussi mouvementée que par le passé. En 1958, on peut voir sa signature en bas d’une pétition contre le chanteur juif Mark Bernes accusé de vulgarité et de négligence dans sa technique vocale. Gueorgui Sviridov accroît aussi son influence au sein de l’Union des compositeurs soviétiques : administrateur entre 1962 et 1974, premier secrétaire du conseil d’administration entre 1968 et 1973. Il meurt le 5 janvier 1998.
Pourquoi Gueorgui Sviridov est connu uniquement en Russie ?
Très peu connu en France, où aucune publication ne donne de réels détails sur son parcours, Sviridov est pourtant très apprécie en Russie. Le premier élément de réponse est qu’il composait surtout une musique nationale et patriote. Le lyrisme de ses mélodies allait puiser dans le répertoire russe et la poésie de Pouchkine, Sourkov, etc.
Ensuite, Sviridov ne faisait rien pour être connu hors d’Union soviétique. Même si l’on a retrouvé la trace d’un Festival de la chanson russe et soviétique en France, en 1974, où Sviridov est présenté comme le « compositeur soviétique moderne le plus poétique ».
C’est en Russie où il est devenu une véritable légende, à plus forte raison après sa mort. En effet, la musique qu’il avait composée pour le film Temps, en avant ! est reprise de nombreuses fois : dans le film Tower Bahwer de Théodore Ushev (2006), dans The heart of the world de Guy Maddin (2000), puis à la clôture des JO de Vancouver (2010) et en ouverture de ceux de Sotchi (2014).
Pendant la période soviétique également, Gueorgui Sviridov était adulé. Sa musique servait de générique à un journal télévisée national et on l’entendait très souvent à la radio.
Vous ne connaissez pas encore Gueorgui Sviridov ? Nous vous invitons de ce pas à écouter ses meilleures compositions.