Compositeur soviétique officiel, le musicien d’origine arménienne Aram Khatchatourian est connu pour le ballet Gayaneh et Spartacus.
Enfance et apprentissage du piano
Aram Khatchatourian est né le 24 mai 1903 à Tbilissi, alors ville géorgienne de l’Empire russe. Son père, Eguia Khatchatourian, a quitté son pays natal, l’Arménie, en 1870, pour ouvrir son propre atelier de reliure en Géorgie. Son premier fils meurt assez jeune. Aram est le cadet d’une fratrie de quatre enfants.
Les premiers contacts d’Aram Khatchatourian avec la musique lui viennent des mélodies que sa mère lui chante, ainsi que des musiciens qu’il rencontre lorsqu’il flâne dans les rues de Tbilissi. En 1912, il entre au pensionnat. Là-bas, il s’inscrit aux cours de piano qu’il suit pendant près de deux ans. Au bout de la deuxième année, il commence des études de commerce mais continue à s’entraîner au piano tout seul.
J’ai grandi dans un climat riche en folklore musical : les fêtes populaires, les cérémonies, les événements joyeux comme tristes étaient toujours accompagnés par la musique. (…) Cela a teint ma conscience musicale et posé les fondations de ma personnalité artistique.
Aram Khatchatourian
Piano et violoncelle à Moscou
En 1914, il découvre pour la première fois de sa vie l’opéra. C’est un choc qui le marque profondément. Un fait du destin frappe alors Aram : son frère Souren qui vient de se marier, décide de partir pour Moscou et insiste pour qu’Aram et Levon, un autre frère, l’accompagne. Aram quitte le pensionnat en 1921 pour suivre ses frères.
A Moscou, Aram Khatchatourian se plait, il est inscrit à l’université ainsi qu’à la prestigieuse Académie de musique Gnessine. Il découvre un nouvel instrument, le violoncelle, et se perfectionne remarquablement avec ses professeurs Sergueï Bychkov et Andrei Borysiak. En 1922, il peut ainsi donner son premier concert. Aram Khatchatourian, qui fait tout en parallèle, étudie à la fois la biologie et la composition.
Elève de Miaskovski et Glière
La même année, les autorités soviétiques lui demandent pourquoi il s’est rendu au Vatican. Aram Khatchatourian répond : « Je suis athée, mais je suis le fils du peuple arménien, qui fut le premier à adopter le christianisme. »
Ses analyses sur le piano sont poussées, mais il n’en oublie pas pour autant les autres instruments qui composent l’orchestre, au premier rang desquels son nouvel ami : le violoncelle. Il entre au Conservatoire de Moscou et prend des cours avec Nikolaï Miaskovski et Reinhold Glière, très connus à l’époque.
Nina Makarova, femme compositrice
Au cours de ses années d’études à Moscou, il rencontre celle qui partagera désormais sa vie, Nina Makarova. Il faudra tout de même attendre 1933 pour que les deux amants fassent leur cérémonie de mariage.
Nina Makarova est une compositrice qui prend des cours auprès de Nikolaï Miaskovski. Le couple aura deux enfants.
Le Prix Staline et l’hymne arménien : les sommets de la gloire
Ses premières compositions sont de la musique pour chambre, à l’instar du Trio pour clarinette, pour lequel il attire l’attention d’un compositeur russe en vogue, Sergueï Prokofiev, en 1932. Ses musiques tirent leur inspiration des airs traditionnels d’Arménie, Azerbaïdjan ou encore Géorgie. Il écrit sa première symphonie afin d’obtenir son diplôme au Conservatoire.
Aram Khatchatourian devient progressivement célèbre, car il compose des musiques pour le cinéma et le théâtre. Il déroute le public en intégrant dans ses compositions pour ballet une musique très moderne. En 1941, il est récompensé par le Prix Staline pour son Concerto pour violon et orchestre. Cela lui vaut une gloire internationale.
En 1944, l’Arménie rend un immense hommage à Aram Khatchatourian en lui proposant de composer l’hymne national. Il accepte. Cet hymne sera utilisé jusqu’à la fin de l’URSS, en 1991.
Critiques du formalisme par Jdanov et le Parti communiste
A la fin des années 1940 pourtant, il est vivement critiqué pour son formalisme. Ces critiques touchent également son professeur, Nikolaï Miaskovski, ainsi que Sergueï Prokofiev et Dmitri Chostakovitch. C’est le Département de l’Agitprop qui donne une note au secrétaire du Parti communiste Andrei Jdanov. Ce dernier donne une conférence au Kremlin où il invite 70 compositeurs et musiciens.
Nous considérons que Chostakovitch, Prokofiev, Miaskovski, Khatchatourian, Kabalevski et Chebaline sont les meneurs et principales figures de la direction formaliste de la musique. Et cette direction n’est pas la bonne.
Andrei Jdanov
Passée cette période de menace, Aram Khatchatourian devient enseignant à l’Académie de musique Gnessine (1950) et au Conservatoire de Moscou (1951). Il est l’un des compositeurs du régime soviétique, député du cinquième Soviet Suprême, secrétaire de l’Union des compositeurs, membre du Comité soviétique pour la paix. Il a reçu de très nombreuses distinctions.
La période des hommages
Il faudra attendre 1954 et Spartacus, chorégraphié par Grigorovitch, pour que Khatchatourian revienne sur le devant de la scène.
Il se remet véritablement au travail dans les années 1960, en dédiant par exemple son concerto-rhapsodie pour violoncelle à Mstislav Rostropovitch. Il cesse ensuite de composer. En 1985, de son vivant, une statue à son effigie est inaugurée à Marseille par Gaston Defferre.
Oeuvres d’Aram Khatchatourian
Oeuvres | Date |
---|---|
Toccata | 1932 |
Trio pour clarinette, violon et piano | 1932 |
Symphonie n°1 | 1934 |
La veuve de Valence | 1939 |
Gayaneh | 1940 |
Symphonie n°2 | 1943 |
Mascarade (suite) | 1944 |
Symphonie n°3 | 1947 |
La bataille de Stalingrad | 1949 |
Spartacus | 1950 |
Othello | 1955 |