Kiji est une merveilleuse petite île située en Carélie, sur le lac Onega. Patrimoine mondial de l’Unesco, elle abrite de belles architectures en bois.
Géographie de l’île de Kiji
L’île de Kiji, en Russie, est située dans l’archipel de Kiji, sur la partie Nord du lac Onega. La superficie de l’île est de 5km² et englobe trois villages : Kiji, Yamka et Vasilievo. L’île appartient à la zone du Medvejiegorsk, qui se trouve dans la République de Carélie. Le climat est typique de celui observé en Carélie, c’est-à-dire surtout marqué par le froid. Ce climat est propice à la préservation des constructions en bois et permet l’éradication des bactéries.
Carte de l’île de Kiji
Visiter l’île de Kiji
Comment s’y rendre ?
Le musée de Kiji est ouvert entre mai et novembre de 8 heures à 20 heures (17 heures à partir d’août). Le prix de la visite est de 650 roubles (+150 pour un audioguide). Un hôtel est disponible à Petrozavodsk.
Voyager en train depuis Moscou ou Saint-Pétersbourg
Le train de nuit n°018A fait le trajet de Moscou à Kiji, pour une durée totale de 13h45. Les prix varient entre 1 800 et 8 000 roubles.
Le train de nuit n°658A fait le trajet de Saint-Pétersbourg à Kiji pour une durée totale de 8h48.
Voyager en hydroglisseur
Le bateau hydroglisseur qui relie l’île de Kiji à la gare de Petrozavodsk part entre une et trois fois par jour. Les tarifs sont de 1 250 roubles, avec des réductions possibles pour étudiants et enfants. Le trajet en bateau met environ 1h15.
Histoire de l’île de Kiji
L’essor des fonderies au 17e siècle
L’histoire de l’île de Kiji commence véritablement au 17e siècle, avec l’activité de Simon Gavrilov. Cet entrepreneur, venu de la région de Novgorod, a installé sa production métallurgique sur l’île, à grande échelle. En 1669, il y découvre du minerai de cuivre. Il décide donc d’ouvrir une fonderie. Simon Gavrilov est imité par deux nouveaux venus, les Danois Marcelis et Butenant von Rosenbusch. A la fin du 17e siècle, on passe de trois forges à cinq.
Les usines de cuivre ne rapportent pas assez d’argent aux entrepreneurs, qui décident de les convertir en fonderies de fer. L’activité industrielle de Kiji ne plaisait pas du tout aux paysans locaux. Ceux-ci étaient en colère contre l’occupation de la terre par ces usines. Mais la plupart d’entre eux furent bien obligés de travailler pour ces fonderies, à contre-cœur.
La révolte paysanne à Kiji
Les conditions de travail n’étaient pas forcément plaisantes, si bien que la colère déboucha sur une révolte, entre 1769 et 1771. Armés de haches, de massues et de lances, les paysans attaquèrent les ouvriers dans leurs villages. La révolte fut réprimée par un groupe d’archers. Parmi les leaders, plusieurs furent condamnés au fouet, au marquage au fer ou encore à l’excision des narines. Ce fut le sort de Clement Sobolev, André Salnikov et Simon Kostine. De nombreux paysans furent ensuite envoyés au bagne ou engagés par l’armée.
Les artistes russes en voyage
L’île de Kiji tomba dans l’oubli pour quelques décennies. C’est lors de la renaissance culturelle russe que des artistes vinrent observer les anciennes constructions de bois pour y trouver de l’inspiration. Ainsi, Ivan Bilibine y séjourna en 1904. Il écrivit à propos de l’île : « J’avais je n’avais pu voir des constructions d’un tel élan de fantaisie que celles de Kiji ». Le peintre Igor Grabar y est allé cinq ans plus tard, suivi de l’architecte Michail Krasovski.
Pogost de Kiji
Le pogost, patrimoine mondial Unesco
Le pogost (enclos) de Kiji est apparu au 18e siècle. Depuis 1966, il est géré par l’Etat au titre de musée-réserve historique. Le pogost a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1990 suivant ces trois critères :
- Représenter un chef d’œuvre du génie créateur humain ;
- Offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significatives de l’histoire humaine ;
- Être un exemple éminent d’établissement humain traditionnel, de l’utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer qui soit représentatif d’une culture ou de l’interaction humaine avec l’environnement.
Eglise de la Transfiguration
L’église de la Transfiguration du Seigneur est le monument central du pogost. Le mythe veut qu’elle ait été construite au moyen d’une seule hache. L’unique artisan aurait ensuite jeté cette hache dans le lac Onega. La première pierre a été posée le 6 juin 1714, comme le rappelle une croix située près de l’autel. Ce bâtiment puise son inspiration dans l’église de l’Intercession de la Mère de Dieu (pas celle de Kiji, plus tardive, mais celle de Vologda).
L’église de la Transfiguration est bâtie selon l’ancestrale technique des charpentiers russes, sans clous. On trouve cependant des clous dans la partie haute de l’édifice. Des rondins superposés sur quatre étages et disposés de manière octogonale constituent la structure de l’église. Voici les caractéristiques :
- 37 mètres de hauteur ;
- 22 bulbes en écaille ;
- 102 icônes.
En 1950, Alexandre Opolovnikov a procédé à une restauration de l’église.
Eglise de l’Intercession de la Mère de Dieu
Alors que l’église de la Transfiguration sert aux offices d’été, celle de l’Intercession est réservée à la saison hivernale. Elle est pour cela chauffée entre octobre et Pâques. Elle a été construite en 1764 pour renforcer la première, sans lui faire de l’ombre. Huit dômes la couronnent, au milieu desquels se trouve un dôme plus imposant.
L’église de l’Intercession est équipée de gargouilles et d’une ceinture, aussi bien pour la décoration que pour se prémunir contre les averses. Un grand perron sert d’accueil, tandis que le lieu de culte abrite une iconostase récente (1950, Opolovnikov) car l’ancienne a disparu lors de l’occupation du territoire par les Finlandais.
Clocher de Kiji
Le clocher actuel date de 1863, il a sans doute été rénové onze ans après. Il s’agit d’un quadrilatère sur lequel est posée une tour octogonale. Des piliers soutiennent le toit pentu, qui protège les cloches et sur lequel a été installée la croix. La partie inférieure est divisée en trois espaces :
- L’entrée ;
- L’escalier ;
- La remise.
Trois sortes de bois ont été utilisées pour ce clocher : le sapin, le tremble et le pin.
Chapelle de l’archange Saint-Michel
La chapelle de l’archange Saint-Michel est construite dans les mêmes bois que l’église de l’Intercession. Elle date du 15e siècle ! Bien entendu, la chapelle actuelle a été rénovée, toujours par l’architecte Opolovnikov, en 1961.
Autres monuments du pogost
L’île de Kiji compte aussi un joli moulin en bois de pin, réputé comme étant le plus vieux de Russie. Ce moulin a été restauré en 1961. Autres monuments ouverts à la visite : les bains (une petite cabine située en bordure du lac Onega), la maison Elisarov (isba paysanne de 1860 avec un hangar, un fenil et une étable).