Gouzel Aguichina est rédactrice en chef du magazine franco-russe Perspectives, situé à Marseille. Elle explique ce qui l’a poussée à fonder ce mensuel, il y a treize ans, et s’attriste de la situation diplomatique qui gêne les échanges culturels entre les deux pays qu’elle aime.
Bonjour Gouzel Aguichina, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis une journaliste. J’ai travaillé toute ma vie en Russie, avant de venir en France, en 2003, où j’ai emménagé avec mon mari. Une fois à Marseille, j’ai été surprise de voir qu’il n’existait aucune édition russe, aucun journal. Cela m’a donné envie de me lancer dans ce projet.
Ce projet, le magazine Perspectives, à qui s’adresse-t-il ?
Il est principalement conçu pour les Français qui s’intéressent à la culture russe et les Russes qui résident en France. Il est donc logique que le magazine soit bilingue. Nous donnons des informations sur les événements qui concernent l’amitié franco-russe, mais uniquement en France. C’est ici que notre travail s’effectue.
Êtes-vous satisfaite par les retours de vos lecteurs ?
Le plus souvent, on les connaît bien. Ils achètent le magazine depuis le début (2003), et sont très satisfaits. Il m’arrive de recevoir des mails et des courriers. Tenez, par exemple, j’en ai un qui me remercie d’avoir parlé de la pose du buste de Marie Tsvetaieva à Vanves. Il était passionné par elle mais ne savait pas qu’un buste avait été posé en son honneur.
“Vous savez, les Russes de Russie adorent la France. C’est peut-être même exagéré de leur part : ils sont fascinés par la grande littérature, la mode, les parfums…”
Perspectives est aussi une association, avec un rôle éducatif…
L’association a des activités très variées, dont l’édition du magazine fait partie. Le samedi, nous proposons des cours au centre linguistique, pour que les enfants de familles mixtes puissent apprendre le russe. C’est un grand atout pour ces petits qui deviennent souvent bilingues. Nous avons également une école pour les adultes.
L’association est-elle porteuse d’événements culturels ?
Tout à fait, nous organisons chaque année un festival du cinéma russe et, au Nouvel An, un spectacle interactif, autour d’un sapin de six mètres. Cette année, il se déroulera les 28 et 29 décembre. En plus de cela, nous sommes partenaires de deux événements majeurs : le festival de théâtre russe de Marseille – qui fêtera sa 22e édition en mars – et le festival russe de Nice (qu’ils soutiennent depuis quatre ans).
Comment ressentez-vous l’amitié franco-russe aujourd’hui ?
En ce moment, les relations franco-russes sont très difficiles, certes. Cela est triste, car nous avons une longue histoire d’amour et d’amitié. Tout cela est dû au contexte politique. Pour les gens simples, ça reste comme avant. Je vois que les gens éprouvent des sentiments chaleureux. Vous savez, les Russes de Russie adorent la France. C’est peut-être même exagéré de leur part : ils sont fascinés par la grande littérature, la mode, les parfums…
Comment analysez-vous le traitement médiatique réservé à la Russie ?
Je suis journaliste, comme vous. Vous savez qu’on n’a pas besoin de mentir, il suffit de sélectionner l’information. En France, je vois que c’est très présélectionné. C’est politique. Le magazine Perspectives s’efforce de traiter des échanges culturels, seulement.
Propos recueillis par Paul Leboulanger
Tout à fait ce que je recherche…