Il est le moins connu des compositeurs russes du Groupe des Cinq. César Cui, spécialiste des opéras et critique musical, a laissé derrière lui une œuvre incroyable. Le plus Français des musiciens russes a eu une vie très remplie !
Famille de César Cui
César Cui est né le 18 janvier 1835 à Vilnius, dans l’Empire russe (aujourd’hui en Lituanie). Son père, Anton, est un Français ayant participé à la campagne de Russie dans les armées napoléoniennes. Il a été blessé lors de la bataille de Smolensk en 1812. Alors que les troupes françaises repartirent, frigorifiées, Anton est demeuré en Russie.
Son nom était vraisemblablement Queuille et non Cui, mais il l’a russisé afin de s’adapter à son nouveau pays. Anton Cui épouse Julia Gutsevitch à Vilnius, avec qui il a cinq enfants, dont César. Sa femme est la fille du célèbre architecte lituanien Laurynas Gucevicius. Elle enseignait le français à l’école.
Premiers pas musicaux de César Cui
César Cui parle plusieurs langues dès ses plus jeunes années : français, russe, lituanien ou polonais. Sa pratique du piano remonte à ses cinq ans, quand il joue les marches militaires qu’il entend souvent. Sa sœur le forme à cet instrument à partir de ses dix ans. Quatre ans plus tard, César Cui commence à composer, influencé par la musique de son compositeur préféré, Chopin.
César Cui n’est pas pianiste. Le piano lui sert de moyen et non de but.
Comtesse de Mercy-Argenteau
Début d’une carrière militaire
Le premier professeur de César Cui sera Stanislaw Moniuszko, qui enseigne l’harmonie à des jeunes élèves, gratuitement. Alors qu’il n’a pas encore terminé ses classes, César Cui part à Saint-Pétersbourg dans l’objectif d’entrer à l’Ecole supérieure du génie civil. En 1951, à seulement seize ans, il parvient à intégrer l’école, où il est nommé adjudant en 1955.
César Cui se destine à embrasser la carrière militaire, ainsi que son père le souhaite. Il commence par un poste d’instructeur en fortifications civiles. Parmi ses élèves, il compte le futur tsar Nicolas II ainsi que de nombreux membres de la famille impériale. En 1956, sa rencontre avec Mili Balakirev l’influence fortement et l’oriente vers la musique.
César Cui dans la musique
Cui se consacre ainsi à la composition. Sa première œuvre jouée en public est son Scherzo (op 1), dirigé par le grand Anton Rubinstein. Ce scherzo est dédié à Malvina Bamberg, son épouse, ancienne élève d’Alexandre Dargomyjski. En 1869, César Cui donne à Eduard Navpravnik la direction de l’un de ses opéras, William Ratcliff, mais rencontre un échec patent.
Presque tous les opéras de César Cui sont rejetés par le public et la critique, à l’exception du Fils du mandarin. Pendant des années, le militaire correspond avec son ami hongrois Franz Liszt. Il côtoie très régulièrement Alexandre Borodine, Modeste Moussorgski, Nikolaï Rimski-Korsakov et Mili Balakirev, avec qui il a fondé le Groupe des Cinq en 1861.
César Cui, critique musical
Le milieu des années 1860 est aussi l’époque où César Cui se lance dans la critique musicale. Entre 1864 et 1918, on estime qu’il a écrit près de 800 articles dans les journaux russes. Il assiste à de nombreux concerts et récitals, beaucoup d’opéras (un genre qu’il affectionne) et défend la musique russe, patriotique et moderne. Ne pouvant signer par son nom, étant militaire, César Cui termine ses articles par trois petites étoiles.
César Cui, en tant que critique, applaudit ses collègues du Groupe des Cinq, ainsi que Berlioz et Liszt. Il ne sera pas tendre lors de la Symphonie n°1 de Rachmaninov dirigée par un Glazounov ivre. Il dira : « S’il y avait un conservatoire aux enfers, et si l’on avait demandé à l’un de ses meilleurs élèves d’écrire une symphonie à programme sur “Les Sept Plaies d’Égypte”, et si le résultat ressemblait à la symphonie de M. Rachmaninov, alors il se serait brillamment acquitté de sa tâche et aurait ravi les habitants des enfers ».
Ingénieur militaire
En 1875, César Cui est nommé colonel puis envoyé au front lors de la guerre russo-turque. Il a examiné les travaux de fortification près de Constantinople et renforcé les positions russes. En 1878, trois académies le nomment professeur auxiliaire de topographie et fortifications : l’ingénierie Nikolaïev, l’artillerie Mikhaïlovski et l’état-major général.
Au fur et à mesure des années, il devient professeur puis professeur émérite. Il fut même promu major-général. César Cui a été le premier ingénieur à proposer des tours blindées dans les forteresses terrestres russes. Ayant une renommée nationale grâce à ses ouvrages, on lui propose de données des conférences, notamment à Nicolas II. En 1906, il est nommé ingénieur général.
La musique de Cui enfin reconnue
Dans les institutions
En 1883, il fait partie du comité de sélection des opéras au théâtre Mariinsky. Il en démissionne, en même temps que Nikolaï Rimski-Korsakov, face au refus de l’institution de jouer La Kovanchtchina de Modeste Moussorgski. Entre 1896 et 1904, César Cui est directeur de la Société impériale de musique russe, à Saint-Pétersbourg.
Ses Miniatures sont faciles et en même temps très musicales. Ce sont de vraies perles de sentiment et d’expression.
Comtesse de Mercy-Argenteau
César Cui en Belgique et en France
Son amie Maria Kerzina accorde une large place aux œuvres de César Cui dans les concerts qu’elle organise avec son mari, le Cercle des amis de la musique. En Belgique, la comtesse de Mercy-Argenteau (pianiste et maîtresse de Napoléon III) fait découvrir à tout le pays les compositions de Cui, comme le Prisonnier du Caucase joué à Liège. Cette reconnaissance lui vaut une place à l’Académie royale de Belgique d’art et de littérature.
En 1909, on organise le 50e anniversaire des premières œuvres de César Cui. En France, il reçoit la Légion d’honneur après la représentation du Flibustier, son opéra dans la langue de Molière. En 1916, il devient aveugle mais continue de dicter ses compositions. Il meurt victime d’apoplexie cérébrale le 13 mars 1918. La comtesse de Mercy-Argenteau écrit sa biographie.
Œuvres de César Cui
- Le Prisonnier du Caucase (1858)
- Le fils du mandarin (1859)
- William Ratcliff (1868)
- Angelo (1875)
- Le flibustier (1889)
- Le sarrazin (1899)
- Le festin en temps de peste (1900)
- Mademoiselle Fifi (1900)
- Thèmes et variations (1901)
- Mateo Falcone (1906)
- La fille du capitaine (1909)
- Trois scherzi (1910)
- Le petit chaperon rouge (1911)
- Le chat botté (1913)
- Sonatine (1916)
- Suites
FAQ
Mili Balakirev, fondateur du groupe, avait réuni autour de lui quatre musiciens : César Cui, Alexandre Borodine, Modeste Moussorgski et Nikolaï Rimski-Korsakov.
César Cui est surtout connu pour ses opéras : Le flibustier, Le prisonnier du Caucase, Le fils du mandarin, William Ratcliff ou encore le Festin en temps de peste. Mais il a aussi composé des sonates et une suite orchestrale à Argenteau.
Fils d’un Français, né en Lituanie, César Cui est de nationalité russe.