Iouri Ozerov est un réalisateur russe et soviétique connu pour sa série de films Libération ou encore Stalingrad. Voici sa biographie.
Famille de Iouri Ozerov
Iouri Ozerov est né le 26 janvier 1921 à Moscou de Nikolaï et Nadejda Ozerov. Son père Nikolaï Ozerov, issu d’une lignée de prêtres orthodoxes, était un chanteur d’opéra très apprécié en Russie, qui a été décoré du titre d’Artiste du peuple de l’URSS. Il enseignait également au Conservatoire de Moscou.
La mère, Nadejda Ozerova, est issus d’une famille noble ayant perdu toute sa fortune. Nadejda était étudiante à l’Institut national de cinématographie. Mais la naissance de Iouri Ozerov l’a contrainte à abandonner ses études. Le frère de Iouri Ozerov s’appelait comme son père Nikolaï et était très connu, car il était un champion de tennis et commentateur sportif.
Iouri Ozerov dans la guerre et à Königsberg
Iouri Ozerov est entré à l’Académie Lounatcharski des arts du théâtre en septembre 1939. Mais à peine un mois plus tard, il est enrôlé dans l’Armée rouge en tant que signaleur. Il obtient le grade de sous-lieutenant au moment où les Allemands attaques l’Union soviétique. Iouri Ozerov se bat lors de la bataille de Moscou, mais aussi en Ukraine et en Pologne.
En 1944, Iouri Ozerov reçoit une formation à l’académie militaire Frounzé. Il est ensuite envoyé sur le troisième front biélorusse, avant de participer à la fameuse bataille de Königsberg, citadelle située en Prusse orientale. Cette bataille lui fait une très forte impression.
Iouri Ozerov reste à Königsberg jusqu’à la libération de la ville en octobre 1945. Entre temps, il épouse une infirmière, Raisa Sukhomlina, et obtient le grade de major. Il est ensuite démobilisé.
Les studios Mosfilm lancent Ozerov
De retour à Moscou, il reprend ses études à l’académie Lounatcharski puis entre à l’institut cinématographique de l’Union soviétique. Il compte parmi ses camarades de classe Marlen Khoutsiev, Alexandre Alov ou encore Sergueï Paradjanov. Iouri Ozerov entre par la même occasion au sein du Parti communiste.
L’année 1949 est importante pour Iouri Ozerov car il devient assistant-réalisateur pour les studios Mosfilm. Il n’est alors qu’un étudiant, mais cela ne l’empêche pas de signer son premier film, Alexandre Pouchkine, en 1950. Il reçoit son diplôme sans difficulté.
Un réalisateur de documentaires
Iouri Ozerov se fait d’abord connaître en tant que réalisateur de documentaires : Dans le jardin botanique Nikitski, L’Arène des audacieux et d’autres films qui mettent en valeur l’Union soviétique. Son premier grand long-métrage est Le fils, suivi d’un film produit par Lenfilm, sur la fin de vie du chef cosaque Kotchoubeï. Il reçoit un prix pour la bande originale.
Iouri Ozerov arrive enfin à son thème tant désiré : la Seconde Guerre mondiale. En coréalisation avec le réalisateur albanais Kristaq Dhamo, il relate les combats des partisans en Albanie.
Iouri Ozerov et l’affaire Oleg Penkovsky
Cependant, le cinéma n’est pas le seul champ d’action de Iouri Ozerov, qui a encore des contacts solides avec l’armée. Il est notamment officier du KGB et chargé de la surveillance. Il participe activement à la chute d’Oleg Penkovsky, un colonel du GRU suspecté de transmettre des informations sur le nucléaire soviétique aux Occidentaux.
En 1962, Iouri Ozerov a lui-même visité la maison de Penkovsky pour choisir les caméras et équipements pour l’espionner. Oleg Penkovsky a ensuite été arrêté et exécuté.
Libération, un monument pour l’Armée rouge
Iouri Ozerov entre alors dans la phase la plus prolifique de sa carrière. Il est récompensé du titre d’Artiste honoré de l’URSS et choisi pour réaliser un film sur l’épopée de l’Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale. Ozerov est fier car il est scandalisé par les films venus de l’Ouest qui, selon lui, minimise honteusement le rôle des Soviétiques.
Iouri Ozerov a entre ses mains un projet colossal. Entre 1967 et 1971, il mobilise 150 chars et des milliers de personnes pour réaliser sa série de cinq films : Libération. Il doit faire face aussi à la surveillance étroite des autorités soviétiques. Il choisit comme créatrice des costumes sa seconde femme, Dilara.
La gloire internationale, de Cannes à Tbilissi
Les cinq volets de Libération obtiennent un certain succès, et Iouri Ozerov reçoit à la fois le prix Lénine et le Grand prix du Festival du film de Tbilissi en 1972. S’ensuit une nouvelle gloire, quand il obtient le Golden Globe pour son documentaire sur les Jeux olympiques de Munich, l’année suivante.
L’année 1977 est excellente pour lui. Il réalise un film sur les héros de la Seconde Guerre mondiale, notamment Leonid Brejnev, ce qui lui vaut de faire partie du jury à Cannes et d’être nommé Artiste du peuple de l’URSS.
Iouri Ozerov devient ensuite chef du comité artistique des Jeux olympiques de Moscou de 1980. Il réalise toute une série de documentaires sur les JO, ce qui lui attire de nouvelles récompenses nationales.
Stalingrad avec les studios Warner Bros
Après cette période « sportive », Ozerov replonge dans l’histoire des années 1940. Pour les 40 ans de la victoire soviétique, il réalise un nouveau film, la Bataille de Moscou. Il décide en 1989 de faire un autre grand film, Stalingrad, mais l’Union soviétique n’a pas les moyens de ses ambitions. Il fait alors appel au financement de Warner Bros, qui accepte. Mais à une condition : une place de choix pour les acteurs américains. Bien à contrecœur, Iouri Ozerov donne le rôle du général Tchouïkov à Powers Boothe.
Dans ses dernières années, il se focalise essentiellement sur la guerre et rend hommage à Joukov. Pour son travail d’envergure, il reçoit encore des prix, cette fois celui du Président russe, en 2001. Il décède cette même année.
Œuvres de Iouri Ozerov
- Alexandre Pouchkine (1950)
- Dans le jardin botanique Nikitski (1952)
- L’arène des audacieux (1953)
- Le fils (1955)
- Kotchoubeï (1957)
- Fourtouna (1959)
- La grande route (1962)
- Libération (1969-1971)
- Visions of Eight (1973)
- Les soldats de la liberté (1977)
- La bataille de Moscou (1985)
- Stalingrad (1989)
- La tragédie du siècle (1993)
- Les anges de la mort (1993)
- Le grand commandant Gueorgui Joukov (1995)